André et Simone Romanet étaient les instituteurs de Salles-en-Beaujolais (Rhône). André était aussi le secrétaire de mairie, et faisait office de délégué de « Secours National », bureau d’aide sociale créé par Vichy. En 1943, les Romanet, proches de la Résistance et ayant plus d’une fois aidé des enfants en danger, furent contactés par Pierette Lalou, au nom de l’organisation juive « OSE ». Ils acceptèrent de faire partie de la filière de sauvetage des enfants juifs que patronnait l’archevêché de Lyon. Comme devait le dire André Romanet : « Il nous était insupportable de voir des gens rejetés et massacrés non pour ce qu’ils auraient pu faire, mais pour ce qu’ils étaient : juifs, tziganes ou autres. Il nous était encore plus insupportable qu’on puisse tuer des enfants alors qu’ils étaient tout notre souci, pour nous, instituteurs. » A partir d’avril 1943, trois ou quatre enfants, convoyés par des résistants de Lyon, arrivèrent ainsi chaque semaine au village. André Romanet les accueillait et les conduisait à bicyclette chez des paysans des environs qui avaient accepté de les héberger moyennant une modeste pension – environ dix francs de l’époque. Parfois les enfants passaient plusieurs jours chez les instituteurs en attendant qu’on leur trouve une famille d’accueil. André Romanet gardait ensuite le contact avec les enfants et vérifiait, en venant payer leur pension, qu’ils étaient bien traités. Il plaça ainsi une soixantaine d’enfants, au mépris du danger que cette activité lui faisait courir. Samuel Nahum, Jacques Tchoukriel, 11 ans, et sa soeur Arlette, 4 ans, Suzanne Copperman, 7 ans et son frère Ernest, 9 ans, sont parmi ceux qui durent la vie aux Romanet. Après la Libération, André et Simone Romanet fondèrent un orphelinat pour les centaines d’enfants réfugiés dans la région dont les parents avaient disparu. Près d’un millier de jeunes, pour la plupart des Juifs, devaient s’y succéder. André Romanet, devenu professeur de pédagogie à l’université de Nanterre, devait déclarer plus tard : « Au moment où le monde entier semble oublier tout idéal humain, où la violence succède à la haine et engendre des haines nouvelles, il me semble qu’il est plus que jamais nécessaire de croire aux liens entre tous les hommes dans l’incommensurable richesse de leur diversité. »

Le 8 septembre 1996, Yad Vashem a décerné à André Romanet et à sa femme Simone, le titre de Juste parmi les Nations.

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Article de presse - La gazette des communes 01/1998Article de presse – La gazette des communes 01/1998
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