La famille Genevey était une famille d’officiers de carrière. Le père d’Yvonne était le général Matton; son mari était lieutenant-colonel dans l’artillerie. Le couple avait cinq enfants. Atteinte de tuberculose, la jeune femme se vit incapable de prendre soin des plus jeunes. Pierre Genevey était en poste à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, lorsque le couple fit la connaissance de Marie Redlus, une juive de vingt-deux ans qui était l’assistante de leur dentiste, le Dr. Mousis. En novembre 1942, lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France, la situation des Juifs s’aggrava et le rythme des déportations s’accéléra. Inquiet pour son assistante, le dentiste chercha une solution. Au début de 1943, en raison de l’état de santé d’Yvonne Genevey, le couple décida de s’installer chez le général Matton. Ce dernier habitait à Grasse, dans la zone sous contrôle italien. Le dentiste leur suggéra d’emmener Marie, qui pourrait ainsi prendre soin des enfants et serait en sécurité. Les Genevey donnèrent leur accord et se déclarèrent prêts à engager comme jardinier Joseph Beigheldrut, le fiancé de Marie. Celui-ci préféra néanmoins prendre la fuite et gagner l’Espagne. Marie Redlus s’installa en compagnie des deux enfants dont elle avait la charge, Georges et Bernard, dans un appartement situé au fond de la résidence du général. Ce dernier aménagea une cachette à son intention : une pièce pourvue d’une seule porte que l’on pouvait dissimuler par un placard. Les enfants avaient reçu pour consigne de s’écrier « où est le ballon? » sitôt qu’un étranger s’approchait de la maison. En hébergeant une juive, cette famille catholique courait de graves dangers, surtout après que les Allemands eurent occupé Grasse. Pierre et Yvonne Genevey ne reculèrent pourtant pas, se laissant guider par leurs sentiments humanitaires.
Le 4 septembre 1996, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Pierre et Yvonne Genevey le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Invitation cérémonie 29 septembre 2018 15:19:18 |