Claudius Couturier et sa femme Denise avaient une modeste ferme à Gondras, un hameau comptant en tout quatre fermes, située près de Meaux la Montagne (Rhône). En 1941 ils prirent en pension un garçon juif de dix ans, David Avizar. La famille de l’enfant habitait le faubourg ouvrier de Saint-Fons, près de Lyon, peuplé en majorité de Juifs marocains recrutés dans les années 20 par de grosses entreprises comme Rhône-Poulenc ou Saint-Gobain qui manquaient de main-d’oeuvre. Après la défaite de la France en juin 1940 et le rationnement des produits alimentaires, les oeuvres sociales des grandes sociétés s’employèrent, avec le soutien du maire de la commune, à placer les enfants de ces familles pauvres chez des paysans des environs. Il s’agissait en principe de leur assurer une meilleure nourriture. Mais certains fermiers dont le fils était prisonnier de guerre en Allemagne, virent en eux une main d’oeuvre à bon marché et les traitèrent très durement. Ils ne les envoyaient pas à l’école comme ils s’y étaient engagés. Tel fut le sort de David Avizar avant sa venue chez les Couturier. Escorté par des assistantes sociales, il était arrivé à Gondras en juin 1940 avec son jeune frère, ses deux soeurs et plusieurs autres enfants de Saint-Fons. Un grand nombre de paysans de la région étaient venus attendre sur la grand place du village. Chacun reçut un ou deux enfants. David se retrouva dans une ferme dont les propriétaires l’accablèrent de travail et lui infligèrent un régime de famine. Transféré dans une autre ferme, puis une troisième, son sort ne s’améliora guère. En 1941 il fut placé chez les Couturier, où, comme il en témoignera après la guerre : « Pour la première fois de ma vie j’ai senti que l’on me respectait et me prodiguait de l’affection. Couturier m’a appris le métier d’agriculteur. Grâce à lui, j’ai acquis de l’assurance et de l’amour-propre. » A l’été 1942, des gendarmes français commencèrent à arrêter des Juifs dans le sud de la France. Claudius Couturier protégea David, lui expliqua que faire en cas de danger et lui montra où se cacher. Désormais, jusqu’à la Libération, chaque fois que des gendarmes se présentaient, David se blottissait dans une cachette à proximité. En 1946 David Avizar partit en Palestine. Il reprit plus tard contact avec ses sauveurs. Chaque année il effectue une visite-pélerinage à la ferme de Gondras.

Le 9 décembre 1997, Yad Vashem a décerné à Claudius et Denise Couturier le titre de Juste des Nations. 

Claudius et Denise COUTURIER

Claudius COUTURIER

Denise COUTURIER

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