Henri Jourdan, un homme aux talents multiples, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure et agrégé de philosophie, avait obtenu un prix au conservatoire de musique de Paris. Il avait enseigné dans les universités d’Heidelberg, de Berlin et de Bonn. En 1933 il fut nommé attaché culturel auprès de l’ambassade de France à Berlin, ainsi que directeur de l’Institut français de cette ville. Il y rencontra de nombreux jeunes Juifs auxquels il conseillait, déjà, de fuir l’Allemagne nazie, encourageant et aidant tous ceux qui cherchaient à émigrer en France. Ce fut le cas de Kurt Juttner, qui, grâce à lui, arriva à Paris en 1936. Pour permettre à l’adolescent, alors âgé de quinze ans, de poursuivre ses études, Henri Jourdan lui avait fait obtenir une bourse. Lorsque la guerre éclata, Kurt s’engagea dans la Légion étrangère et se lia avec Henri Bamberger, un camarade de régiment, Juif allemand qui avait bénéficié comme lui de l’assistance de Henri Jourdan. En 1943, devenu étudiant à l’Ecole dentaire de Lyon mais en danger d’arrestation, Kurt Juttner fit appel à son protecteur, alors professeur de philosophie à l’université de Strasbourg, évacué depuis 1939 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Henri Jourdan et sa femme Denise avaient plus d’une fois protégé des étudiants juifs. Malgré le danger, ils hébergèrent le jeune homme dans leur appartement de Clermont-Ferrand. Au bout de quelques jours, Kurt quitta le domicile des Jourdan et rallia la Résistance. Des agents de la Gestapo vinrent arrêter le professeur dans le cadre d’une opération visant le corps enseignant de l’Université de Strasbourg. Mais Henri Jourdan demeura introuvable : il avait plongé dans la clandestinité et rejoint la Résistance.

Le 26 janvier 1998, Yad Vashem a décerné à Henri et Denise Jourdan le titre de Juste parmi les Nations.

 

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