Georges Gaudin avait succédé à son père comme forgeron de Sainte-Reine-en Bauges (Savoie), petite commune de montagne. Il vivait avec ses parents Joseph et Alexandrine, sa femme Odette et leurs enfants dans une modeste maison qui ne comptait que deux chambres. Pourtant, à la fin de 1943, les Gaudin recueillirent deux petits garçons juifs, Léon Bernard Eizikman, onze ans, et son frère Jean-Pierre, neuf ans. En 1942, tous deux avaient été confiés à l’organisation juive OSE à Paris par leurs parents, soucieux d’assurer leur sécurité. Ils furent placés dans un home de l’organisation. Mais à la fin de l’année 1943 tous les homes de l’OSE durent fermer pour éviter l’arrestation de leurs pensionnaires auxquels il fallut trouver des familles d’accueil. Les Gaudin avaient accepté de prendre deux enfants. Léon et Jean-Pierre, munis de faux papiers d’identité, arrivèrent ainsi en Savoie. Ils fréquentèrent l’école du village, allèrent à la messe le dimanche avec les Gaudin, suivirent les cours de catéchisme du curé comme les autres enfants. Ils étaient bien traités, et n’apprirent qu’après la guerre que certains villageois savaient que ces petits parisiens étaient juifs, mais avaient gardé le silence. Le 1er mai 1944, une unité de SS s’abattit sur le village. Les deux petits réfugiés avaient été dissimulés sous une meule d’avoine dans la grange, ce qui les sauva. Les SS mirent le feu à la maison voisine et asassinèrent deux de ses occupants. Le lendemain Georges Gaudin décida de confier les enfants aux religieuses de l’hôpital Saint Pierre d’Albigny, situé dans une localité voisine, et prévint son contact de l’OSE. Quelques jours plus tard, les deux réfugiés furent intégrés à un groupe d’enfants qui s’apprêtaient à passer clandestinement en Suisse. L’opération échoua; enfants et passeurs furent internés dans la prison de la Gestapo à Annemasse. Le maire de la ville, Jean Deffaugt (q.v.) multiplia les efforts et réussit à se faire confier tous les enfants. Ils ont tous survécu à l’Occupation.
Le 25 février 1998, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Georges et Odette Gaudin et aux parents de Georges, Joseph et Alexandrine Gaudin, le titre de Juste parmi les Nations.
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