Modeste employé, Jean Voirin habitait Génissiat (Ain) avec sa femme Emma, leurs quatre enfants âgés de 13 à 20 ans et un neveu dont le père était prisonnier de guerre. Protestants fervents, ils faisaient bon accueil au pasteur Liotard de Bellegarde qui collectait nourriture, vêtements et couvertures pour des enfants juifs pris en charge par la CIMADE. Un jour de janvier 1943, le pasteur se présenta chez eux accompagné d’une fillette de 12 ans, Henni Krzuk, réfugiée juive d’Allemagne extraite du camp de Rivesaltes par la CIMADE. « Pauvre gosse, elle se demandait où elle arrivait, une famille d’inconnus, de nouvelles têtes », a écrit Renée, fille des Voirin alors âgée de 13 ans. Mais pour ses parents, « un enfant de plus c’était normal ; ils avaient un cœur gros comme une montagne, surtout quand il était question d’enfants ». Très timide, Henni s’adapta néanmoins rapidement à son nouvel entourage. Jean Voirin planta un potager et éleva des poules et des lapins. Le maire, les gendarmes et les institutrices l’aidèrent à protéger Henni, qui décrocha son certificat d’études. A trois reprises cependant Jean Voirin fut arrêté, harcelé par un couple de mouchards, qui l’accusait non sans raison de soutenir activement le maquis. Mais il réussit chaque fois à se disculper. Henni retrouva heureusement ses parents après la Libération. Pour les enfants Voirin, elle est restée leur petite sœur.
Le 17 février 1999, Yad Vashem a décerné à Jean et Emma Voirin le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
Henni KRZUK est née en Allemagne en 1930, de parents polonais. Expulsés en 33, la famille se retrouve en France, où le père exerce le métier de tailleur. En 39, le père est arrêté par les Français en tant qu’apatride et envoyé dans les camps du sud de la France. Henni et sa mère reste à Paris, échappent à la rafle du Vel d’Hiv et partent pour la zone libre en août 42.
Elles sont arrêtées par la police française en franchissant la ligne de démarcation. Elles séjournent plusieurs semaines dans des camps d’internement. La CIMADE fait sortir Henni et le hasard la désigne pour être placée dans la famille VOIRIN, à Génissiat dans l’Ain. De janvier 1943 jusqu’en octobre 44 (date à laquelle sa mère vient la rechercher) Henni reste chez Jean et Emma VOIRIN. Elle y est considérée comme un membre de la famille. Elle passe pour une cousine éloignée qui a perdu ses parents durant l’exode. Les VOIRIN et leurs enfants étaient conscients du danger à héberger Henni.
Documents annexes
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