A Vernoux (Ardèche), à une heure de marche du centre du village, Léa Rochedieu exploitait une ferme isolée en métayage. Veuve, elle vivait avec sa fille Lydia et employait un ouvrier agricole, Elie Brunel (qui deviendra son gendre). Le 14 avril 1944, un jeudi, elle vit arriver une jeune femme accompagnée d’un garçon de 13 ans. Elle ignorait encore qu’au même moment sévissait à Vernoux une rafle de Juifs, qui fit plus de 15 victimes. La famille Caën, réfugiée de Paris dans ce village, avait été alertée à temps par l’épouse du maire, M. Pierre Delarbre, et s’était dispersée sur-le-champ. Sur les conseils de la sœur de Mme Rochedieu, qui habitait au cœur du village, Mme Caën se rendit avec son fils Claude chez la fermière, qu’ils ne connaissaient pas. « En sabots, robe de satinette noire, coiffe blanche traditionnelle », se souvient Claude Caën, « elle était occupée dans sa cuisine ». Madame Rochedieu accepta aussitôt de recueillir le jeune garçon, disant : « Les Juifs, je ne sais pas ce que c’est, mais tout le monde porte sa croix ». Il fut convenu qu’il garderait les vaches, ne se rendrait jamais au village et se cacherait pendant les visites du « marquis », le propriétaire venant percevoir les produits du métayage. Avec beaucoup de cœur, Léa Rochedieu fit tout pour faciliter l’adaptation de son petit hôte juif. Claude Caën est fidèlement resté en relations avec sa bienfaitrice jusqu’à la mort de celle-ci, et ensuite avec Lydia et son mari Elie Brunel.

Le 19 mai 1999, Yad Vashem a décerné à Léa Rochedieu le titre de Juste parmi les Nations.

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