M. & Mme Henri Fevrier les parents de Marcelle
Aide comptable dans une entreprise industrielle à Paris, Marcelle Février, 17 ans, sympathisait avec deux de ses camarades, Bella Schlafman et sa sœur Esther. « Leur nom de famille intriguait mon père », a-t-elle écrit dans un témoignage, « il pensait qu’elles étaient d’Alsace-Lorraine. Mais un jour, elles sont arrivées dans la société avec l’emblème de l’Etoile de David, c’est là que j’ai compris qu’elles étaient de religion juive et que j’ai su que leurs parents étaient réfugiés russes ». Une semaine plus tard, c’était la rafle du Vel d’Hiv et le couple Schlafman fut arrêté. Leurs filles, épargnées parce que de nationalité française ne revirent plus jamais père et mère. Par peur de revenir à leur domicile mis sous scellés, Bella et Esther envisagèrent de passer la nuit dans les locaux de l’usine. Mais Marcelle intervint – « j’avais beaucoup de sympathie pour elles et je dois avouer que j’ai admiré leur courage » – et les conduisit chez elle. Elle habitait chez ses parents, Paul Février, artiste peintre, et Marguerite, repasseuse. Le logis était minuscule, deux chambres, mais Marcelle alla dormir chez une amie. « Mes parents étaient très compréhensifs, catholiques, partageaient les repas qui n’étaient pas toujours très copieux, mais on s’en arrangeait ». Le petit frère des deux jeunes filles, Herman, 8 ans, avait été placé le 7 juillet précédent dans un préventorium à Besançon. Marcelle Février s’y rendit et ramena le garçonnet à Paris, d’où une voisine le convoya au domicile de sa nièce, dans le Cantal, pour le mettre en sécurité. Puis le 20 mars 1944, des miliciens arrêtèrent Esther Schlafman, qui fut déportée. Cette fois encore, Marcelle Février sut efficacement protéger son amie Bella. Elle lui procura une fausse carte d’identité – « je ne me souviens plus de l’origine, je me rappelle seulement l’avoir transportée dans ma chaussure » – afin qu’elle puisse rejoindre son petit frère dans le Cantal. En mai 1945, la Croix-Rouge rapatria Esther, qui avait survécut et les trois enfants Schlafman se trouvèrent à nouveau réunis. « A l’heure actuelle », a écrit récemment Marcelle, devenue Madame Martin, « nous sommes restées très amies et elle m’ont rendu au centuple ce que j’ai pu faire pour elles ».

Le 10 août 1999, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marcelle Martin née Février, et à ses parents Paul et Marguerite Février, le titre de Juste parmi les Nations.

Armand & Bella Schlafman

Berthe & Armand Schlafman, dans le fauteuil Marcelle Fevrier

de gauche à droite Esther Schlafman, Marcelle Fevrier Martin & Bella Schlafman

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5 mai 2016 12:31:08