L’histoire

Henri Frauli, compositeur et critique musical, quitta l’Alsace avec des milliers d’autres Alsaciens à l’arrivée des Allemands. Il s’installa avec sa famille dans la ville de Cluses, dans les Alpes. Là, il fut nommé Contrôleur départemental responsable des services d’assistance aux réfugiés en Haute-Savoie. L’attittude de Vichy vis-à-vis des Juifs le troublait, comme l’indignait la persécution des Juifs par les autorités d’Occupation. Il s’en expliqua plus tard en ces termes : « Je ne pouvais rester insensible devant la misère de ces pauvres gens hantés par la perspective d’être arrêtés sur ordre, soit de la Milice, soit de la Gestapo. » Avec le concours du père Paul Chevallier, curé de Cluses, il vint donc au secours des Juifs en les aidant à franchir la montagne pour atteindre la Suisse, sous la houlette de guides qu’il connaissait et auxquels il faisait confiance. C’était un travail difficile et dangereux. La milice française perquisitionnait régulièrement les maisons et 150 agents de la Gestapo étaient stationnés en permanence dans l’école horlogère dont le fils de M. Frauli suivait les cours. Henri Frauli fit notamment passer en Suisse Vital Pollack. En été 1942, cet avocat juif de Marseille apprit qu’à la suite d’une dénonciation son nom figurait sur une liste de Juifs à arrêter. Il prit la fuite avec sa mère et, sur la recommandation d’un ami de l’armée, vint chercher refuge dans la maison du compositeur à Cluses. Henri Frauli et sa femme accueillirent chaleureusement ces gens qu’ils ne connaissaient pas. Trois jours plus tard, Frauli accompagna un groupe de quatre Juifs, dont Vital Pollak, dans une église des environs de Cluses. Des passeurs les prirent en charge et les conduisirent en Suisse. Henri Frauli ne demanda jamais de rémunération à ceux dont il sauvait la vie. La vieille madame Pollak, incapable d’affronter la montagne, n’avait pu s’enfuir avec son fils; elle séjourna une dizaine de jours chez les Frauli qui la traitaient avec chaleur et compassion. Le compositeur tenta de la faire à son tour entrer en Suisse en passant par Gaillard, non loin d’Annemasse. En partant, la vieille dame laissa ses bijoux chez lui; il les garda soigneusement et les lui rendit après l’Occupation. Arrêtée près de la frontière par un gendarme français, Madame Pollak fut condamnée à un mois de prison. Henri Frauli lui apporta des colis de nourriture et, à sa sortie de prison, l’aida à trouver refuge dans l’Isère, où elle demeura cachée jusqu’à la Libération. Les deux familles restèrent amies après la guerre.

Le 23 avril 1975, Yad Vashem-Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Henri Frauli le titre de Juste parmi les Nations.

 

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