Maurice Charollais, jeune médecin, avait ouvert avant-guerre son cabinet de consultation à Vigneux-sur-Seine (Essonne). Il devint le médecin traitant du couple Klejner, commerçants juifs installés à Vigneux, et de leur fils Joseph. Le Dr. Charollais et les Klejner se lièrent d’amitié. Quand les biens des Klejner furent aryanisés, il accepta de cacher chez lui une partie de leur stock de marchandise et se chargea de la gestion de leurs liquidités. Le 15 octobre 1942, les parents de Joseph, 14 ans, furent arrêtés à leur domicile et déportés dans l’Est où ils périrent. Averti du drame à la sortie de l’école, Joseph fut hébergé plusieurs jours par sa nourrice et sa famille, les Picot. Avec l’aide du curé André Letellier et de l’Abbé Lautram, il fut alors envoyé dans le Morbihan chez les Tanguy, agriculteurs cousins de l’Abbé, qui l’inscrivirent à l’internat catholique « Saint-Jean Baptiste » d’Arradon après l’avoir converti au catholicisme et l’avoir muni de faux papiers d’identité. Sous le nom de Cléné, Joseph y fut scolarisé pendant l’année 1942-1943. Le Dr. Charollais, son tuteur, régla régulièrement ses frais de scolarité et d’entretien. Mais Joseph fut renvoyé de l’établissement pour conduite incorrecte : on l’avait surpris en train de flirter avec une jeune vacancière. Il dut rentrer à Vigneux où le Dr. Charollais le fit recueillir par Stéphanie et Marcel Guillet, sa tante, employée des postes, et son oncle, employé des chemins de fer. Par la suite Marcel le convoya jusqu’à Genouilly, après une traversée périlleuse de la ligne de démarcation, chez les parents du Dr. Charollais. Mme Charollais mère, institutrice honoraire, le plaça dans un centre des Compagnons de France dans la région lyonnaise où il acquit une formation d’électricien, avant de rejoindre le maquis. A la Libération, il intégra un centre de l’OPEJ et ensuite émigra en Palestine. Alors qu’il était installé dans un kibbutz en Galillée, la directrice de l’OPEJ le retrouva pour lui remettre une enveloppe. Elle contenait le restant des liquidités que les parents de Joseph avaient confiées au Dr. Charollais avant leur déportation. Ange gardien de Joseph, il lui avait sauvé la vie et, membre actif de la résistance, il avait aussi placé dans les maquis de nombreux réfractaires du STO et caché chez lui des aviateurs américains.          

Le 3 février 2003, Yad Vashem a décerné à Maurice Charollais ainsi qu’à Stéphanie et Marcel Guillet le titre de Juste des Nations.

Le témoignage

Joseph KLEJNER est né en 1929. Dans les années trente, il habite avec ses parents à Vigneux (91). Ils étaient commerçants. Le Dr Charollais devient le médecin de famille et aussi leur ami. Ils sont arrêtés le 15 octobre 42. Joseph est pensionnaire et le Dr Charollais, auquel les parents de Joseph, ont confié de l’argent, règle le coût de l’internat.

En août 43, Joseph est renvoyé du pensionnat et rentre à Vigneux chez le Dr. Charollais, qui l’accompagne chez son oncle, Marcel Guillet, sous-chef de gare.

Celui-ci le conduit à Genouilly (Saône et Loire) chez ses parents. Après quelques jours, Madame Charollais lui trouve un centre de compagnons dans la région lyonnaise.

A la fin de la guerre, le Dr. Charollais a remis à Joseph le reste de l’argent que ses parents lui avaient confié.

 

Maurice CHAROLLAIS

Corinne CHAROLLAIS

Docteur Maurice CHAROLLAIS

Le fils aîné Jean Lou CHAROLLAIS

Stéphanie GUILLET (épouse)

Marcel GUILLET (Oncle)

Documents annexes

Article de presse -Nice matin du 23/04/2004Article de presse -Nice matin du 23/04/2004
6 décembre 2013 18:50:54