YAD VASHEM – Histoire d’un juste parmi les Nations

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Dossier n°

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YAD VASHEM – Histoire d’un juste parmi les Nations


Le 14 juillet 2011, Yad Vashem a reconnu le Comte Henri de Menthon comme juste parmi les Nations. L’Ambassadeur de France en Israël Christophe Bigot participait ce mercredi 5 septembre à la cérémonie posthume dédiée à cet homme courageux en présence de Dina Godschalk, rescapée de la shoah, qui fût cachée par Henry de Menthon pendant la guerre. Retour sur l’histoire d’une famille juive pendant la guerre et d’un homme héroïque.

L’allée des Justes à Yad Vashem – Photo : Yad Vashem

Salomon et Emilie-Djemila Farhi, juifs originaires de Turquie, sont arrivés en France dans les années 1920 accompagnés de leurs sept enfants. Installés à Paris pendant l’aggravation des persécutions et les décrets contre les juifs de France, le couple décide alors de trouver un refuge pour leurs enfants en dehors de la ville. Quatre de leurs enfants, Albert, Angèle, Victorine, les plus âgés ainsi que le petit dernier Daniel (3 ans) refusent de quitter leurs parents. Ce sont donc les trois derniers, Raphaël, Claire et Jean-Jacques (âgés respectivement de 10, 8 et 6 ans) qui seront transférés en dehors de la ville avec d’autres enfants par le réseau de secours « Secours national ».

Le 27 juillet 1943, Salomon accompagne ses trois enfants à la station de train et demande à Claire de lui faire deux promesses : de ne jamais oublier ses origines juives et de ne jamais quitter ses frères. C’est ainsi que la famille Farhi se sépara.

Le comte Henry de Menthon et Dina Godschalk devant la stèle où figure à présent le nom de ce Juste parmi les Nations – Photo : Ambassade

Par le biais du réseau, les enfants sont arrivés à Saint Loup les Gray (Haute Loire) où ils ont été dispersés dans deux familles. Suite aux supplications de Claire, se rappelant la promesse qu’elle avait faite à son père, le maire de Saint Loup, le Comte de Menthon se rapprocha de la jeune fille et décida alors de prendre les trois enfants ensemble. Raphaël et Jean-Jacques ont été hébergés chez le Comte et Claire dans la maison du jardinier, mais rejoignait ses frères pour les nuits. Le danger était grand, car l’identité des enfants était connue de tous et de plus, le fils d’Henri était actif dans la résistance. Ils sont tout de même restés jusqu’à la fin de la guerre.

Les enfants Farhi ont pu garder un contact avec leurs parents jusqu’au 4 mai 1944, date de leurs arrestation et déportation à Auschwitz avec leurs 4 autres frères et sœur, d’où ils ne sont jamais revenus. Seul le plus grand, Albert, a survécu. A la fin de la guerre, après avoir appris la mort de leurs parents, Raphaël, Claire et Jean-Jacques ont été placés dans un orphelinat perdant ainsi tout contact avec la famille de Menthon.

 

Henri de Menthon et S.E. l’ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot qui a honoré la manifestation de sa présence – Photo : Ambassade

De longues années plus tard, le hasard a fait rencontrer Claire (aujourd’hui Dina Godschalk) et la petite-fille d’Henri de Menthon, avec qui elle jouait à l’époque de son séjour dans la famille. Dina Godschalk entreprit alors les démarches auprès de Yad Vashem (Centre mondial pour la recherche sur l’Holocauste) afin de faire reconnaître Henri de Menthon comme Juste parmi les Nations. Il s’agit actuellement de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’Etat d’Israël à des civils.

C’est donc le 14 juillet 2011 que Yad Vashem a reconnu le Comte Henri de Menthon comme Juste parmi les Nations pour avoir aider ces trois jeunes enfants.

Antoine RIPAUD

source: http://www.lepetitjournal.com/telaviv/120572-yad-vashem–histoire-dun-juste-parmi-les-nations.html du 05/09/2012