Comment entretenir la mémoire des « Justes de France » ?

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Dossier n°

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Comment entretenir la mémoire des « Justes de France » ?

Adhésion de Paris au réseau des Villes et Villages de Justes le 28 janvier 2016

Du 27/01/2016

RTL vous en parle déjà par Rémi Sulmont

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Seuls 114 sur 3.907 Justes de France sont encore vivants. Paris va honorer jeudi 28 janvier ces hommes et de ces femmes qui ont sauvé des juifs pendant la guerre.

 

Jeudi 28 janvier, plusieurs centaines de descendants de « Justes parmi les Nations » vont se retrouver pour une cérémonie à l’Hôtel de ville de Paris. Parmi eux, il y aura les descendants d’Irène et Hilaire Samain. En novembre 1943, en se rendant chez un tailleur à Paris, Irène surprend une conversation entre les patrons de la boutique et un homme. Ils lui avaient promis de le loger, mais finalement ils renoncent. Irène Samain a compris. À cet inconnu désemparé, quelques instants plus tard, dans la rue, elle donne son adresse : « Venez nous voir demain, avec votre épouse, nous cherchons une domestique ».

Maurice Mendelbaum et son épouse Denise hésitent et tremblent pendant 24 heures. Est-ce un piège ? On promet alors beaucoup d’argent à ceux qui dénoncent les juifs. Les Mendelbaum prient, puis finalement vont au rendez-vous qui va leur sauver la vie. C’est dans l’appartement parisien de la famille Samain, au 74, rue des Saints-Pères, qu’ils vont passer quasiment tout le restant de la guerre. « On était treize enfants, raconte leur fils André Samain. Ça grouillait, la porte d’entrée était tout le temps ouverte que personne ne s’est douté ». Aux voisins, on raconte que ce sont des « cousins flamands ». Il faut bien, en effet, justifier l’accent du couple émigré de Pologne.

Irène et Hilaire Samain ont été élevés au rang de « Justes parmi les Nations » à titre posthume en 1994. À vrai dire, leurs petits-enfants et arrières petits-enfants aujourd’hui, sont plus fiers qu’eux. « Ils avaient parfaitement mesuré les risques, mais aider leur a semblé tout naturel », explique leur fille Marie, âgée de 93 ans.  

Paris adhère au réseau « Villes et Villages des Justes de France »

C’est pour entretenir la mémoire de ces Justes que le comité du Yad Vashem incite les communes de France à dédier des lieux de mémoires à ces Justes. Quatre-vingt-trois communes de France l’ont déjà fait et sont entrées dans le réseau « Villes et Villages des Justes de France ». Paris va officiellement adhérer jeudi. « On a dit longtemps que la France n’était que résistance ou que la France avait abandonné ses enfants juifs, explique le président du comité pour Yad Vashem, Pierre-François Veil. De très nombreuses personnes ont sauvé l’âme de la France. Nous pouvons appréhender désormais cette réalité complexe« .

Plusieurs dizaines de milliers ont survécu grâce aux Justes. Ce que notent les historiens, c’est que les trois-quarts des juifs de France ont survécu. Ce qui n’est le cas dans aucun autre pays de l’Europe occupée. « Les bilans des pays diffèrent en raison notamment des mesures imposées par les nazis », précise l’historienne Annnette Wieviorka. On ne peut donc pas dire que les juifs de France survivants ont tous été sauvés par des Justes. Mais (puisqu’il est de plus en plus difficile de constituer les preuves des sauvetages 70 ans après), un grand nombre de Justes ne seront jamais reconnus devant l’Histoire, comme Irène et Hilaire Samain l’ont été.