Blois – Léa Goldberg, récit d’une enfance blésoise

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Dossier n°

12855

Blois – Léa Goldberg, récit d’une enfance blésoise

Du 29/01/2013

 

 

 

 

Léa Goldberg-Attali (en manteau blanc) revient sur les lieux où elle a passé cinq ans de son enfance.
Léa Goldberg est venue visiter en famille la maison où Pierre et Blanche Allart l’ont cachée à Blois dès 1942 et jusqu’à la Libération.

A l’été 42, arrivés le 12 mars, des juifs sont gardés par des gendarmes français au camp des Pins de Lamotte-Beuvron. Parmi eux, Madame Goldberg, dont le mari a déjà été déporté, et sa petite Léa, âgée de deux ans. Madame Goldberg hospitalisée, sa petite fille reste seule. Henri Drussy, maire de Blois, apprenant cela, fait libérer la fillette et la place chez Blanche et Pierre Allard, intendant de l’hôpital de Blois-Vienne. La petite y passera la fin de l’occupation, choyée par cette famille. Comme par Jacqueline Drussy, la fille du maire, qui aime infiniment cette petite «  Lisette  ».

Des souvenirs en partage

Soixante et onze ans plus tard, à l’occasion de la journée internationale de la commémoration en mémoire des victimes de la Shoah, elle revient visiter les lieux de son enfance avec émotion. Accompagnée de son mari, de sa petite-fille Rachel et des petits-enfants du couple Allard, Patrick et Vaïté, elle parcourt les lieux. Ce pèlerinage lui rappelle les jours heureux qu’elle a passés, ici et les souvenirs remontent au fil des pièces traversées. Des souvenirs nombreux et heureux qui courent sur cinq ans. « Oh lala, ça n’a pas changé ! » Tels ont été ses premiers mots lorsqu’elle a franchi la grille de la maison de retraite Gaston-d’Orléans en Vienne. Elle montre la fenêtre d’où elle regardait les «  petits vieux  » et le jardinier qui lui a apporté une pêche, en lui faisant croire qu’elle provenait de l’arbre juste planté ! Elle se souvient aussi des moments où Blois était bombardé. « J’ai honte de le dire, mais c’était des moments de bonheur », avoue-t-elle. Claude, le frère aîné de la famille, la prenait avec son matelas et la descendait dans la cave avec toute la famille. Ils se retrouvaient là tous ensemble comme une vraie famille. Un des souvenirs le plus marquant est lié au grenier : c’est là qu’elle a vu les feux d’artifice annonçant la libération de la ville. Un grand moment de bonheur partagé par tous.
Au fil de la visite, les petits-enfants Allart et Léa se remémorent des détails, tel tableau représentant un chien dans le salon, un autre deux bœufs dans une autre pièce… Tout est sujet à partage.
Yvette Ferrand, présidente de l’association de recherches et d’études historiques sur la Shoah en Val de Loire, lui a remis pour l’occasion un bulletin relevant les qualités de la petite fille de l’époque : « éveillée et vive ». Léa, elle, remercie la famille Allart de lui avoir donné ces années de bonheur et de l’avoir choyé comme leur propre fille. Dans une famille de Justes.

Justes

On peut avoir traversé la guerre et en garder tout de même des souvenirs heureux. Mais cela ne se fait pas sans aide. Léa Golberg-Attali a eu la chance de croiser en 1942 le chemin d’Henry Drussy, maire de Blois de l’époque. Il a eu la bonne idée de la confier à la famille Allart qui l’a accueillie comme sa propre enfant. Une famille comme beaucoup d’autres qui ont sauvé des enfants juifs. Les époux Allart ont été reconnus Justes parmi les nations. Une juste reconnaissance.

Anne Richoux