En mémoire de Simone Coqué-Stolze, Juste parmi les Nations
Du 09/06/2018
La commune de Laissac-Sévérac l’Église et le comité français pour Yad Vashem ont inauguré hier, au lieu-dit Grèzes, une plaque en mémoire de Simone Coqué-Stolze. Cette infirmière, reconnue «Juste parmi les nations», avait sauvé un enfant en 1943-1944.
«Qui sauve une vie, sauve l’humanité tout entière». Cette parole du Talmud a particulièrement résonné hier dans l’enceinte de l’ancien orphelinat de Grèzes, à Sévérac-l’Eglise. Devenu un institut thérapeutique éducatif et pédagogique, l’établissement a été le théâtre d’une cérémonie très émouvante. La commune et le comité français pour Yad Vashem -le mémorial de la Shoah à Jérusalem- ont inauguré une plaque en mémoire de Simone Coqué-Stolze, reconnue Juste parmi les Nations en 2003
Une infirmière chargée du suivi des enfants juifs
Cette infirmière, originaire de Moselle, était chargée, pendant la Seconde Guerre mondiale, d’assurer le suivi d’enfants juifs placés dans les institutions religieuses ou chez les particuliers du Sud Massif central, et de l’Aveyron notamment. Et c’est à l’occasion de l’une de ses visites au couvent de Grèzes qu’elle s’est prise d’affection pour un petit garçon juif de 7 ans, dont elle s’est occupée jusqu’à la Libération et les retrouvailles avec sa mère et sa sœur.
Ce petit garçon était présent hier au moment de dévoiler la plaque en hommage à Simone Coqué-Stolze. Salomon Jassy a parcouru spécialement les 4 000 kilomètres qui séparent Israël de l’Aveyron, pour raconter, «cette femme digne, d’une grande conscience ; une âme rare et précieuse».
«À partir de maintenant, je suis ta maman Simone»
Au micro, des larmes dans la voix, cet homme de 83 ans aujourd’hui s’est souvenu de sa rencontre avec celle qui l’a sauvé. «En 1942, mon père avait été arrêté et déporté à Auschwitz. Pour que ma mère puisse se cacher, nous avons été placés, ma sœur et moi par l’Ose -Oeuvre de secours aux enfants- dans la Creuse. Avant d’être séparés et dispersés pour éviter d’être pris au piège par les Allemands… J’ai été transféré à Grèzes, où je suivais la messe deux fois par jour jusqu’à ce que cette infirmière découvre que j’étais circoncis. Elle m’a alors dit : à partir maintenant, je suis ta maman Simone. Son vœu, son idéal, c’était de sauver des enfants. Et quel destin ! Quelle bravoure !».
Un jugement et des sentiments, que Salomon Jassy partage avec Pierre Stolze, «Pierrot», le fils de Simone né en 1952. Hier au pupitre, cet écrivain est lui aussi revenu sur le parcours méritant de sa mère, qui lui avait demandé d’écrire un livre sur sa vie. «Il faudrait des tomes et des tomes !».
44 Justes en Aveyron
76 000 personnes en France, dont 11 000 enfants, ont été déportées pendant la Seconde Guerre mondiale. «Mais à partir de 1942, des hommes et des femmes ont choisi de les aider et de les cacher, risquant eux-aussi la déportation, l’infortune ou l’extermination», raconte Simon Massbaum, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem. L’organisme contribue à la mémoire de la Shoah et œuvre pour la reconnaissance des Justes de France. Un titre que Simone Coqué-Stolze a reçu en 2003 au titre de son engagement pour les enfants juifs entre 1943 et 1944. «Les Justes sont des non-Juifs vertueux qui œuvrent avec compassion et justice», précise Simon Massbaum, «Ils sont 27 000 dans le monde entier et 44 en Aveyron».
M.G.
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