Inauguration d’un lieu de Mémoire, la « Place des Justes parmi les Nations » à Saint-Sulpice-de-Favières
Saint-Sulpice-de-Favières, commune membre du réseau « Villes et Villages des Justes de Frances », inaugure dimanche 26 mai la « Place des Justes parmi les Nations », lieu de mémoire rappelant le rôle de ses habitants dans la Résistance et le sauvetages, au péril de leur vie, de citoyens Juifs de la barbarie nazie. En présence de Jérôme Guedj, Président du Conseil général de l’Essonne, de Ghyslain Chatel, Sous-Préfet d’Etampes, de Franck Marlin, député-Maire d’Etampes, de Pierre Le Floc’h, Maire de Saint-Sulpice-de-Favières, d’Elad Ratson, Ministre Délégué de l’Ambassade d’Israël en France et de Pierre Osowiechi , délégué régional du comité français pour Yad-Vashem de Jérusalem.
Le 8 mai 2011, la Commune de Saint-Sulpice-de-Favières organisait la remise de la Médaille et du Diplôme des « Justes parmi les Nations » à la famille Chacou-Clergeon (Chacou Charlotte et Chacou Gabriel), ayant sauvé les trois frères et sœurs Kernel. Chacou Gabriel était membre du réseau Vengeance de la Résistance intérieure Française. Cette histoire ne fut pas isolée dans cette singulière et courageuse communauté d’habitants, les familles Fialetoux et Barberi ayant également hébergé deux autres enfants juifs pendant la période 1939-1945.
C’est avec une intense émotion et une grande gravité que je représente aujourd’hui le Conseil général de l’Essonne en ma qualité de Président et la Représentation nationale en ma qualité de député, à l’occasion de l’inauguration de ce lieu de mémoire qui rend hommage aux familles Chacou-Clergeon, Fialetoux et Barbieri qui ont sauvé des enfants juifs durant la deuxième Guerre mondiale.
Cette inauguration, comme tous les moments où nous nous rappelons collectivement les heures les plus sombres de notre histoire, est l’occasion de regarder en face notre histoire. Cette guerre sans précèdent ajouta au conflit entre les Nations la singularité des persécutions volontaires, systématiques, méthodiques de populations civiles en raison de leurs opinions et de leurs origines ethniques. Elle surpassa toutes les horreurs produites dans l’histoire des désastres humains par l’organisation de la solution finale parle régime nazi, visant à éradiquer la population juive du continent européen. En France ce sont 75721 juifs qui ont été déportés, seulement 2560 sont revenus. Hommes, femmes, enfants arrachés à leur quartier, à leur village, disséminés, qui avant de périr furent battus, harcelés, contraints à travailler plus de douze heures par jour, soumis à la faim, au froid, aux maladies, aux expérimentations médicales… Une machine implacable, une industrie de la mort qui se mit en branle dans toute l’Europe, et qui jusqu’au bout a fonctionné, exterminant, torturant, toujours et encore. Les rouages de cette machine étaient des êtres humains qui adhéraient au projet d’anéantissement d’une partie de l’humanité et le mirent en œuvre pendant de longues années.
Des êtres humains qui auraient pu et dû faire un autre choix.
On a toujours le choix. J’ai la conviction que quelles que soient les conditions, l’homme conserve au fond de lui-même sa liberté intrinsèque, son libre arbitre. Les familles Chacou-Clergeon, Fialetoux et Barberi ont fait le choix de la défense de l’humanité, de la vie au péril de la leur. C’est que nous honorons aujourd’hui tous ensemble, cet admirable courage, cette sublime générosité que nous ne devons jamais oublier, toujours garder en mémoire et transmettre à ceux qui seraient tentés d’oublier et aux jeunes générations qui ne savent pas forcément. La Fraternité n’est pas qu’un mot, c’est une exigence que nous devons toujours garder à l’esprit », poursuit Jérôme Guedj. « Plusieurs milliers de Français ont fait ce choix moral. Ils ont déjoué la détermination nazie et le zèle de Vichy. Ils ont ainsi contribué à ce que les trois-quarts des Juifs de France échappent à la déportation et donc à l’extermination. Dans « l’abîme de noirceur » pour reprendre les mots de Primo Levi, que fut cette guerre, chaque Juste constitue une lumière qui nous montre le chemin à suivre pour que la force morale et la conscience individuelle l’emportent.
Jérôme Guedj, Président du Conseil général de l’Essonne
Article lié au Dossier 11672