Le centre d’internement de Rivesaltes

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Dossier n°

Le centre d’internement de Rivesaltes

Regards de Nicole Bergé sur le « Centre d’internement de Rivesaltes » dont les îlots K et F servirent de « Centre de rassemblement des Israélites »…

Photo aérienne du site par Nicole Bergé

Un Mémorial devrait s’élever en 2010 sur le site du Camp Joffre à Rivesaltes. Sur le portail décrivant l’élaboration de ce Mémorial, figurent en résumé saisissant les spécificités de ce camp :

– « Camp militaire, camp de transit pour les réfugiés espagnols, centre d’hébergement surveillé, centre régional de rassemblement des Israélites, camp de dépôt de matériel allemand, camp d’internement pour prisonniers de guerre allemands et collaborateurs, camp de regroupement des Harkis et de leur famille, centre de transit pour les troupes du contingent… Lieu où les destins d’enfants, de femmes et d’hommes se sont croisés, au gré d’événements tragiques entre 1938 et 1970, le camp de Rivesaltes est un témoin des années noires du XXème siècle… »

Quelques dates marquent l’histoire de ce lieu singulier :

– 1938 : ouverture du camp militaire Joffre ;

– 1941 : alors qu’il est situé en Zone dite « libre », Vichy récupère les barbelés de ce camp pour y enfermer des « étrangers inédsirables », soit des réfugiés espagnols après l’écrasement de la République, des Juifs et des Tziganes. 18.000 internés au total ;

– 1942 : les îlots F et K deviennent un « Camp de rassemblement » pour des Juives ayant espéré trouver refuge en France et enfermés-là par Vichy avant leur envoi sur Auschwitz ;

– 1944 : des prisonniers de guerre des forces de l’Axe succèdent aux persécutés raciaux et aux politiques ;

– de 1962 à 1970 : des Harkis y sont placés par une France ayant cessé la colonisation de l’Algérie.


Vue du camp à l’abandon. Photo et copyright de Nicole Bergé.

En 1994, fut inaugurée sur ce sol de souffrances une stèle rappelant que :

– « Des milliers de juifs étrangers qui s’étaient réfugiés en France furent arrêtés et internés en 1940 dans le Camp de Rivesaltes, en zone libre.

D’août à octobre 1942, plus de 2250 d’entre eux, dont 110 enfants, furent livrés aux nazis en zone occupée par l’autorité de fait, dite « Gouvernement de l’Etat Français ». Déportés dans le camp d’extermination d’Auschwitz, presque tous y furent assassinés parce qu’ils étaient nés juifs. N’oublions jamais ces victimes de la haine raciale et xénophobe.

Zakhor. Les fils et filles des déportés juifs de France, le 16 janvier 1994.- Première commémoration officielle au Camp Joffre de Rivesaltes -« 

En 2002, profanation de cette stèle ! Elle fut restaurée en 2003 et d’autres monuments ont été élevés sur ces lieux pour marquer la mémoire d’autres internés :

– « Lors de cette journée de recueillement le 22 juin 2003 le Président du Conseil Général a voulu rendre officiellement hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie en confirmant la création du futur Mémorial-Historial du Camp de Rivesaltes sur l’emplacement même de cette tragédie. »

– « In Memoriam. Ici ont été internés des enfants, des femmes, des hommes civils et militaires, lors de « la retirada » espagnole de février 1939. L’AACVGRE. « Vivez, la vie continue, les morts meurent et les ombres passent, emporte qui laisse et vit qui a vécu… ». Antonio Machado, poète républicain espagnol (1875-1939) »

Enfin, une stèle rappelle le sort subi par les Harkis de Rivesaltes.

Baraques du camp Joffre. Photo et copyright : Nicole Bergé

Pendant ces quatre dernières années, une photographe, Nicole Bergé, a réalisé des milliers de clichés sur les vestiges de ce camp. Un film est actuellement en pré-montage. De ce travail de mémoire, deux expositions ont déjà été présentées. L’une pour les journées du Patrimoine sur l’îlot F (à l’initiative du Conseil général des Pyrénées orientales). L’autre pour la Région Languedoc Roussillon.

Et ce n’est jamais qu’un début toujours renouvelé, à écouter Nicole Bergé :

– « C’est une nécessité pour moi de continuer à témoigner pour que l’on n’oublie pas…
Je suis très heureuse quand l’émotion que j’ai ressentie et mise dans chaque photo, voit le jour et touche à son tour. »

La démarche artistique de Nicole Bergé est décrite dans le catalogue d’un projet d’exposition intitulé : « Objets Trouvés – Mémoires Rouillées » :

– « Elle propose un état des lieux : celui d’une mémoire blessée, rouillée par le temps… Pour cela, elle a réuni, en cheminant sur le site, toute une accumulation de traces matérielles composées essentiellement d’objets du quotidien : objets cassés, débris, ustensiles abandonnés. »


« La banalité, le dérisoire de ces déchets épars parlent d’un niveau intime du passé de ce site, celui de la vie quotidienne des gens qui y ont vécu. Ces accumulations d’objets, sortis de leur contexte et révélés par la photographie, éclairent d’un regard étrange et simple les vies passées dans ce camp, faites de souffrance et d’humiliation….

Comment faire pour ne pas reproduire l’horreur du camp de Rivesaltes ? Cette exposition est pour Nicole Bergé une incitation à se poser encore et toujours la question. »

Pour consulter le portail de cette photographe d’une histoire malmenée et même menacée jusque voici peu de disparition : cliquer ici. Trois entrées sont réservées au camp de Rivesaltes. A l’accueil du site, vous cliquez successivement sur « Expositions » puis sur « Camp de Rivesaltes »…

Pour abriter une exposition de Nicole Bergé ou proposer une publication :