Le dévouement de Jeanne et Gabrielle dans l’Histoire

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Dossier n°

12446

Le dévouement de Jeanne et Gabrielle dans l’Histoire

Du 11/10/2013

 

Ce sont le fils de Jeanne et les nièces de Gabrielle qui ont reçu la médaille des Justes et le diplôme./Photo Laurent Dard.
Deux institutrices de Cazaux-Debat, Jeanne Monacelli et Gabrielle Fisse, ont reçu, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les nations. Durant l’occupation, elles avaient protégé l’enfant juif Georg Hirsch, 8 ans, des nazis. «Leur courage immense a honoré l’histoire.»

Il y a des petites histoires, des gestes simples, qui résonnent davantage au révélateur de l’Histoire. Mardi après-midi, au musée de la Déportation et de la Résistance de Tarbes, deux destins extraordinaires sont passés à la postérité : ceux de Jeanne Monacelli et Gabrielle Fisse, institutrices de campagne à Cazaux-Debat et aujourd’hui disparues, qui ont reçu la médaille des Justes parmi les nations en présence de représentants du comité français pour Yad Vashem, du consul d’Israël, du préfet des Hautes-Pyrénées, du maire de Tarbes mais aussi de leurs descendants et de survivants des camps d’extermination.

Il y a soixante-dix ans, elles ont protégé le jeune Georg Hirsch, arrivé dans les Pyrénées avec un groupe d’Autrichiens, suite à la guerre d’Espagne, où ils travaillaient comme bûcherons. Nombre d’entre eux prirent part à la Résistance avec les réseaux des docteurs Marquié et Mounicq, en liaison avec les deux institutrices de Cazaux-Debat qui avaient recueilli le jeune Georg. «Il faut saluer le travail de Paul Bouygard, qui a retrouvé l’histoire de ces Autrichiens débarqués à Cazaux, un village d’une trentaine d’habitants, souligne Nicole Caminade. En 1943, l’enfant a été traqué. On a retrouvé des lettres insupportables de Français le dénonçant. Il a été caché par Jeanne et Gabrielle. Mais à partir d’une lettre qu’il a écrite à sa mère, détenue à Amiens, son adresse a pu être retrouvée et la Gestapo finira par l’arrêter à Amiens, chez la famille Sculhof qui l’avait recueilli.» à l’âge de 9 ans, l’enfant sera assassiné à Auschwitz, comme sa mère l’année précédente. «C’est la première fois que l’on accorde cette médaille à des personnes qui ont cherché à sauver un enfant finalement mort avec les autres dans les camps.» Une issue fatale qui hantera ses deux protectrices, rongées par le remords de n’avoir pu sauver l’enfant. «Gabrielle ne nous en parlait pas beaucoup, avouent ses nièces Françoise et Marie-Lise, qui ont reçu la médaille pour leur tante défunte. C’est à la fois une question de génération et aussi le signe d’une souffrance que l’enfant soit mort. Mais c’était dans son caractère. C’était une résistante et une institutrice qui aimait donc les enfants. On ne pensait pas que quelqu’un ferait cette démarche pour elle. Aujourd’hui, elles sont reconnues dans ce qu’elles ont fait. Le seul regret, c’est que ce ne soit pas de leur vivant…»

«Le plus beau visage de l’humanité»

Le consul d’Israël à Marseille, Barnéa Hassid, a également rendu hommage à ces deux femmes dévouées : «Leur courage immense a honoré l’Histoire. La révolte face à la barbarie n’était pas chose évidente. Dans cette période la plus sombre de l’humanité, beaucoup ne s’y sont pas opposés et ont abandonné la dignité humaine. Les Justes, eux, ont agi pour que survivent ces âmes innocentes, souvent seuls mais avec une conscience de fer. Les actes de Jeanne et de Gabrielle doivent rester des modèles d’éducation pour les générations à venir. C’est là le plus beau visage de l’humanité. Nous leur sommes à jamais reconnaissants».


18 Justes en Bigorre

Le comité Yad Vashem répertorie dix-huit Justes dans les Hautes-Pyrénées, ayant protégé, caché ou sauvé des Juifs de la barbarie nazie : Marcel Billières, Marie Cheminade, Marie et Pierre Desbiaux, Gabrielle Fisse, Anne-Marie Llobet, Jeanne-Eulalie et Joseph Marmouget, Charlotte et Eugène Sabathié, Charlotte et Charles Soubies, Marie Tarbes, Maurice Trélut, Georges et Jacques Vigoureux.

Andy Barréjot