Lucile, héroïne ordinaire et Juste parmi les nations
Hier, la médaille des Justes parmi les nations a été remise, à titre posthume, à Lucile Godrie pour avoir sauvé une famille juive à Niort pendant la guerre.
Une photo prise avant la guerre : De gauche à droite : Lucile Godrie, sa fille Luce, Renée Bodenheimer, Salomon et Elvire Bodenheimer. C'est Robert, le fils, qui a pris la photo.
Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier. En citant la phrase du Talmud, qui figure sur la médaille des Justes parmi les nations, le représentant de l’ambassade d’Israël en France a donné toute la mesure de la cérémonie qui a honoré une famille, hier matin à l’hôtel de ville. Luce Psaltis Godrie a reçu en main cette distinction, la plus haute de l’Etat juif, décernée à titre posthume par le Mémorial Yav Yashem à sa mère Lucile Marie Godrie, pour avoir sauvé pendant la Seconde Guerre la famille Bodenheimer. Au 110, rue de Grange à Sainte-Pezenne, la famille Godrie a hébergé et protégé, au péril de sa vie, le couple et leurs deux enfants qui avaient échappé de peu à la rafle du Vel’d’hiv à Paris. C’est Frédéric, le fils de Luce, qui a aidé sa mère dans sa quête du passé en retrouvant la trace du dernier témoin de cet épisode, les liens entre les deux familles ayant été rompus depuis une quarantaine d’années. Grâce à Internet, les retrouvailles ont pu avoir lieu en 2009 à Paris avec Robert Bodenheimer, le plus jeune fils, décédé en mai 2011, dont le récit a notamment permis la reconnaissance de ses bienfaiteurs par l’Institut Yav Yashem.
Avec émotion, Frédéric Psaltis a donné lecture d’un texte de sa propre mère, qui avait 18 ans en 1943, décrivant cette histoire de héros modeste et anonyme qui, au péril de sa vie, avait pris sous son aile la famille juive jusqu’en septembre 1944. « Avec désintéressement, dira la petite fille de Salomon et Elvire Bodenheimer, sans Lucile Marie Godrie, je ne serai pas ici aujourd’hui pour vous parler. »
Luce Psaltis Godrie, fille de Lucile Godrie, entourée des descendants de la famille Bodenheimer et son fils Frédéric. – (dr)
« La France du cœur »
Cette cérémonie est « un honneur pour notre ville », a déclaré Geneviève Gaillard, évoquant le souvenir des 143 juifs arrêtés et déportés depuis Niort pendant l’Occupation, dont seuls quatre survécurent. « La résistance est toujours possible », a dit François Guguenheim, vice-président du comité français Yad Vashem, émettant le vœu que Niort rejoigne le réseau villes et villages des lieux de mémoire des Justes parmi les Nations. « Le peuple juif n’oublie pas […]. On ne bâtit rien sur l’oubli et le mensonge », a insisté Michel Lugassy-Harel, conseiller à l’ambassade d’Israël. A son tour, c’est à « la France du cœur » que préfet Pierre Lambert a rendu hommage. A ce jour, les noms de quinze Deux-Sévriens sont inscrits sur le mur d’honneur du Jardin des « Justes parmi les Nations » de Yad Vashem, à Jérusalem, ainsi qu’à celui de Paris.
source:http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2012/10/15/Lucile-heroine-ordinaire-et-Juste-parmi-les-nations du 15/10/2012
Article lié au Dossier 12050