Marcelle Porte-Bonnamour va recevoir dimanche la médaille de Juste parmi les Nations

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Dossier n°

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Marcelle Porte-Bonnamour va recevoir dimanche la médaille de Juste parmi les Nations

Du 12/11/2016

 

La décoration a été remise à une petite-cousine de Marcelle Porte-Bonnamour.? © bruno barlier

 

À la demande de l’une de ses anciennes élèves, qu’elle avait cachée avec dix autres jeunes filles juives en 1944, l’ancienne directrice de l’école primaire supérieure de Bourganeuf, aujourd’hui disparue, sera honorée ce dimanche.

 

«C’était une femme toute jeune, très droite, qui demandait une grande discipline au collège. On ne l’aurait jamais imaginé autant impliquée dans la Résistance. Elle ne disait rien mais faisait beaucoup et on a compris très tôt qu’elle y était ». Quand Suzanne Parot évoque « Mlle Porte », à qui l’on va remettre à titre posthume dimanche la médaille des Justes parmi les Nations, les mots lui reviennent comme si c’était hier.

Une dizaine de jeunes filles sauvées

Nous sommes en octobre 1943. Suzanne est collégienne à l’école primaire supérieure de Bourganeuf. Un jour, elle voit arriver une dizaine de jeunes filles juives en provenance de divers lieux, placées en Creuse par l’Oeuvre de secours aux enfants (OSE). « Je me souviens très bien de ce qu’elle nous a dit : « vos compagnes sont dans une mauvaise passe et compte sur vous pour leur rendre la vie plus agréable » », raconte cette Bourganiaude aujourd’hui âgée de 87 ans.

Elle se souvient notamment de Régine, « une élève très brillante », assise à côté d’elle en classe. Un jour, elle la trouve en train de pleurer. « Elle m’a dit que ce n’était rien. Je n’ai rien demandé de plus. On n’abordait pas ce sujet-là ».

« Je regrette que cet hommage arrive beaucoup trop tard »

Dans ses mémoires, l’une des jeunes filles, Micheline Wolanowski, raconte d’ailleurs qu’elles avaient été installées dans une chambre à part, afin qu’elles ne laissent pas échapper leur identité, « les nuits dans les dortoirs étant propices à la confidence ».

Au retour des vacances de Pâques, au printemps 44, tandis que la pression nazie se fait de plus en plus forte, Mademoiselle Porte est contrainte de prendre une décision. « Ces filles, elle voulait les garder mais elles n’étaient plus en sécurité », note Suzanne Parot.

Micheline Wolanowski, encore : « La directrice me fait passer dans son bureau. Ces quelques jours ont l’air de l’avoir beaucoup marquée. « Écoute Micheline, tes compagnes et toi, vous n’allez pas pouvoir rester ici, c’est trop risqué maintenant. Demain, Monsieur le maire viendra vous chercher pour vous emmener chez des gens à la campagne » ». Le lendemain, le maire de Bourganeuf, François Graux, emmène toutes les jeunes filles à Soubrebost, chacune dans une famille différente, leur sauvant sans aucun doute la vie, une rafle ayant eu lieu quelques semaines plus tard.

Parmi elles se trouvait Micheline Wolanowski. C’est cette femme, aujourd’hui en Argentine, qui a fait la demande auprès de l’institut Yad Vashem pour que son ancienne directrice, décédée en 2005, soit reconnue comme Juste parmi les Nations. Si cette dernière est trop âgée – elle a 91 ans – pour faire le déplacement, Suzanne Parot, elle, sera présente. « Je viendrai avec ma fille car elle sait à quel point c’est important pour moi, insiste l’octogénaire. Et je vais inciter mes amies à venir pour rendre hommage à Mademoiselle Porte, même si je regrette que cela arrive beaucoup trop tard. Je l’aimais beaucoup ».

Maxime Escot