Saint-Fulgent-des-Ormes. Juliette et Albert Chaussée, déclarés Justes parmi les nations.

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Dossier n°

11975

Saint-Fulgent-des-Ormes. Juliette et Albert Chaussée, déclarés Justes parmi les nations.


ILS auraient souhaité une cérémonie en toute intimité. En famille. Mais aujourd’hui, l’histoire de leur famille a rejoint l’Histoire du pays, le souvenir collectif. De 1942 à 1945, les parents de Jean-Claude, Juliette et Albert Chaussée, ont caché dans leur ferme des Champs-Romet à Saint-Fulgent-des-Ormes une petite fille juive prénommée Irma. Âgée de douze ans. Une petite fille rieuse et malicieuse qui n’a pris conscience que récemment du risque encouru par cette famille percheronne.

Jean-Claude (fils de Juliette et Albert Chaussée) et son épouse Marie-Claire, participeront à la cérémonie, non sans émotion.

Un signe de reconnaissance

Dimanche 21 octobre, Juliette et Albert Chaussée recevront à titre posthume le titre de Justes parmi les nations. La plus haute distinction décernée par l’État d’Israël à titre civil. Elle sera remise par les membres de l’association Yad Vashem qui a instruit le dossier depuis de longs mois. À la demande d’Irma Naoun, aujourd’hui décédée.
Jean-Claude Chaussée est né en 1943. Il n’a évidemment pas de souvenir de cette période mais a entendu ses sœurs en parler. «Mes parents par contre n’ont jamais évoqué le sujet, explique-t-il. Ils ont fait cela naturellement. La famille Naoun, domiciliée à Paris, craignant les représailles, avait pris soin de mettre leurs enfants à l’abri. D’ailleurs une sœur d’Irma était cachée chez des voisins… Nous avons toujours gardé contact avec Irma. C’était une femme chaleureuse, pleine de vie. Elle a été surprise d’apprendre un jour que nous savions tous qu’elle était juive et que mes parents l’ont donc accueilli en toute connaissance des risques qu’ils encouraient. C’est ce qui l’a motivé à demander pour eux ce titre de Justes. Cette démarche était pour elle un signe de reconnaissance».

Comme un membre de la famille

Durant trois ans, la petite fille a partagé le quotidien des Chaussée. Allant à l’école, passant son certificat d’études, se rendant à la messe et au catéchisme. «Son nom avait été transformé en Naour, censé avoir une consonance bretonne».
Des années d’insouciance : Juliette et Albert Chaussée ont non seulement sauvé la petite fille mais surtout ils ont préservé son innocence. Irma a traversé cette période sombre, non dans la peur, mais dans la joie.
Dans un document écrit (et transmis à l’association), elle témoigne, raconte et livre ses souvenirs. Comme ce jour où trois soldats allemands sont venus à la ferme récupérer des victuailles, «Juliette Chaussée m’a alors envoyée chercher des œufs dans la grange la plus éloignée… Pour me protéger. Je l’ai compris des années plus tard». Les larmes de l’agricultrice à son départ, après la libération quand sa mère est venue la récupérer, sont restées à jamais gravées dans la mémoire de la petite fille.

La fille d’Irma

Jean-Claude et son épouse Marie-Claire seront présents le jour de la cérémonie, de même que les autres enfants du couple, Juliette, Ginette et Albert. Ils rencontreront pour la première fois la fille d’Irma. «Jamais nous n’avons su comment elle est arrivée chez nous, poursuit Jean-Claude. Il y a tant de trous dans cette histoire, des informations que j’aimerai avoir. Mais c’est ainsi. Je ne sais pas comment mes parents auraient réagi devant cette distinction. Peut-être auraient-ils été flattés devant tant d’honneur. Sûrement auraient-ils été embarrassés… »
Le véritable courage n’a pas besoin de publicité. Et il reste encore tant de héros anonymes, pas encore nommés Justes.

Nathalie Legendre

source: http://www.le-perche.fr/7317/saibnt-fulgent-des-ormes-juliette-et-albert-chaussee-declares-justes-parmi-les-nations/ du 02/10/2012