Serge et Béate Klarsfeld en Creuse en mémoire de la maison des enfants juifs de Crocq

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Dossier n°

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Serge et Béate Klarsfeld en Creuse en mémoire de la maison des enfants juifs de Crocq

Du 07/12/2018

 

 

 

Panneau – A l'arrière de la stèle des Oeuvres de Secours aux Enfants (OSE), le panneau d'explications de l'accueil des enfants juifs en 1939 a été dévoilé avec les époux Klarsfeld. © Pruny Rémi
Serge et Béate Klarsfeld étaient à Crocq (Creuse) ce jeudi pour la cérémonie en mémoire des Justes qui ont protégé des fillettes juives entre 1939 et 1942. 

Crocq (Creuse), la mémoire et l’Histoire, c’est une belle aventure. Il y a d’abord eu la reproduction du Guernica de Picasso, quasiment grandeur nature, accrochée non loin de la maison qui a hébergé le premier ministre de la République espagnol, Largo Caballero, réfugié à Crocq après la guerre civile.

Désormais, un nouveau panneau vient rappeler un autre récit que l’Histoire a fait passer par la cité crocquante. Planté près de la maison des Granges, où réside désormais l’école primaire, et qui a servi de refuge à une centaine de fillettes juives de 1939 à 1942 dans cette “maison d’enfants”.

Quels sont les liens de Serge Klarsfeld avec la Creuse ? 

Présence exceptionnelle – Serge et Béate Klarsfeld oeuvrent inlassablement à la vérité de l'histoire de l'holocauste juif initié par les nazis. Ils ont reçu la médaille de la Ville de Crocq le 6 décembre.

Et pour le dévoiler, un grand témoin, un couple, les époux Serge et Béate Klarsfeld qui ont consacré leur vie à poursuivre les criminels de guerre nazis. 

Petite histoire, grande Histoire, qui a aussi noué un lien entre Serge Klarsfeld et la Creuse. Lui aussi, comme les fillettes de Crocq, a été un enfant caché. C’était à Grand-Bourg, il y a 78 ans.

Il a évoqué Louis Aron, directeur de la maison d’enfants de Crocq, dont il a édité le journal, témoignage exceptionnel de la vie quotidienne des réfugiés juifs en Creuse. Il a salué « les actes de bravoures des petites gens, qui discrètement, ont fait des actes ordinaires pour eux mais héroïques pour les autres ».

Des petites gens reconnus comme “Justes” de nos jours. Ceux qui ont tenu cette maison d’enfants, une des quatre du département, du début de la Seconde Guerre Mondiale à son évacuation vers le château de Chaumont à Mainsat. Ces maisons, elles, avaient été transférées de la région parisienne, en l’occurrence de Neuilly, vers les zones rurales, loin de la guerre. Jusqu’à ce que les Allemands passent la ligne de démarcation.

Que sont devenus les fillettes réfugiées à Crocq ?

Le maire de Crocq, Jacques Longchambon, n’a de cesse de mettre en évidence le devoir de mémoire et ces acteurs de l’époque qui ont sauvé l’honneur. À Crocq, une place porte le nom de Marie-Thérèse Goumy, directrice de l’école pendant la guerre qui a œuvré pour la protection des enfants. On trouve aussi la rue Louis-Aron, qui a pris tous les risques pour les sauver. Sans oublier Marie Lagrollière, ouvrière de Chapal, qui a sauvé un enfant de la rafle.

Paroles justes pour des actes justes. À la cérémonie du dévoilement (*) de ce panneau explicatif, le représentant du comité français du mémorial Vad Yashem, a salué le travail de mémoire local qui répond à la résurgence des actes antisémites et racistes de ces temps troubles. Les fillettes réfugiées à Crocq ont toutes survécu.

Quelle transmission aux générations actuelles ?

Cette belle cérémonie, chargée d’émotion et d’espoir, a été suivie par les écoliers et les collégiens des établissements scolaires du bourg. Tous les enfants ont écouté avec une attention rare l’ensemble des discours, signes de l’intérêt du sujet qu’ils ont abordé auparavant en classe pour préparer ce moment important de leur vie d’écolier.

Immersion – A l'issue de la cérémonie, les collégiens ont eu un temps bref pour interviewer Serge Klarsfeld pour mesurer l'importance de son travail de mémoire, d"histoire et de justice.

Il s’est achevé par une chanson de Jean-Jacques Goldman dont les paroles (2) ont résonné comme un hymne à l’enfance qui a été protégée et sauvée entre 1939 et 1942, puisque toutes les fillettes réfugiées à Crocq ont évité l’arrestation et la déportation, toutes ont survécu presque miraculeusement.

Grâce à l’humanité, à la résistance, aux actes ordinaires de bon sens des petites gens de Crocq et de la Creuse.