Dossier n°

12179

Un hommage Juste


 

A titre posthume, les époux Darricau décorés de la médaille des Justes. 

 

 

 

De 1942 à la Libération, Evelyne André a vécu chez les époux Darricau. (photo luke laissac)

Le préfet n’avait encore jamais poussé la porte de la mairie de Lasclaveries. Ce n’est plus le cas depuis hier. Il y avait en effet du beau monde, en ce dimanche matin, dans la petite commune du canton de Thèze. Sur ses terres, Georges Labazée, le président du Conseil général, lui aussi, n’aurait pas voulu manquer l’hommage rendu à Ida et Pierre Darricau, deux agriculteurs du pays dont la boussole des valeurs n’a jamais perdu le nord.

À titre posthume, ils ont été décorés de la médaille des Justes parmi les nations. La plus haute récompense que peut attribuer l’État d’Israël.

En 1942, les Darricau avaient réussi à cacher, jusqu’à la Libération, une jeune ado de Saint-Mandé, Évelyne André. Aujourd’hui âgée de 85 ans, celle-ci témoignait, hier, d’une émotion toujours vive devant les officiels et les nombreux invités.

Jusqu’à la Libération

« Cette famille, c’était du miel. Je ne les oublierai jamais. Il fallait que je me déplace pour les remercier. Je ne suis jamais revenue ici. Ils étaient très gentils. Je les aidais. J’étais bien chez eux. Il ne fallait pas que je quitte la ferme. Je ne pouvais pas dire que j’étais une petite juive. Quand je suis rentrée à Paris, je ne savais plus qui j’étais. Cela m’a perturbée jusqu’à l’âge de 40 ans », dit-elle.

« Je ne me rappelle plus du faux nom que j’avais à l’époque. Mais pour en parler à mes propres enfants, j’ai attendu qu’ils étudient la Shoah à l’école. C’était dur. J’entends encore le bruit des Allemands qui ont arrêté mon père pour l’envoyer en déportation. Je ne l’ai plus jamais revu. Pourquoi ? »

Évelyne André se souvient d’avoir fêté la Libération dans le village, sur une moissonneuse-batteuse où flottait un drapeau français. Peu après, sa mère venait la chercher. Elle vit encore aujourd’hui à Saint-Mandé en Île-de-France.

La sixième médaille

Hier, le maire de Lasclaveries, André Grille, a souligné le « grand courage et l’humanité » des Darricau qui « connaissaient le risque » qu’ils encouraient. En présentant la médaille aux frères Darricau, le délégué de l’association Yad-Vashem, Michel Alitenssi, a rappelé qu’il procédait au même geste pour la sixième fois dans la région.

Quant au président du Conseil général, il compte ouvrir une ligne budgétaire pour « aider les associations qui accompagnent le devoir de mémoire. »

Patrice Sanchez 

source; http://www.sudouest.fr/2013/04/22/un-hommage-juste-1031910-4225.php du 22/04/2013