Allanche : des liens indéfectibles avec le Cézallier

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Plusieurs membres de la famille Florentin sont venus visiter les lieux où, durant la guerre, deux femmes remarquables ont sauvé la vie de leur grand-mère Corinne, leur mère Colette et leur cousine Jacqueline.

Un article LA MONTAGNE, le 29 juin 2025.

Les Florentin, en compagnie de Cindy Chalmeton, initiatrice et coordinatrice du projet.

En novembre 1942, M. et Mme Florentin, juifs originaires de Turquie ayant fui Paris pour Perpignan, se rendent à l’école Saint-Joseph de Saint-Flour pour demander asile pour leur fille Colette, alors âgée de 8 ans, dont ils craignent qu’elle soit prise dans une rafle. Avant que le père de famille passe clandestinement en Espagne pour rejoindre les forces de la France libre.
Sur les recommandations d’une voisine, le couple adresse sa demande à la directrice de l’établissement qui, malheureusement, manque de place. Mais la jeune Philomène Rolland (sœur Marie-Étienne), enseignante à l’école Saint-Joseph d’Allanche, n’hésite, elle, pas une seconde à prendre sous son aile la fillette, que la directrice, Jeanne Dessaigne (sœur Marie-Angèle), intègre à l’internat, sans poser de question. Colette est alors scolarisée et baptisée, probablement par l’abbé Cussac.

En juillet 1943, sa maman, Corinne, se présente à son tour à Allanche, pour demander asile pour elle-même et sa nièce, Jacqueline, âgée de 7 ans et dont le père a été arrêté à la frontière espagnole alors qu’il tentait de suivre les traces de ses beaux-frères. Le malheureux sera déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra pas. Jeanne Dessaigne installe alors Corinne, Colette et Jacqueline dans une chambre de l’internat où elles resteront sous la protection des sœurs jusqu’à la Libération. Comme sa cousine, Jacqueline est à son tour scolarisée et baptisée.

À la fin des années cinquante, sœur Marie-Étienne et sœur Marie-Angèle quittent Allanche pour enseigner à Pierrefort, dont l’hospice est dirigé par sœur Marie-Alice, qui a, de son côté, protégé la famille Cohen-Solal, originaire de Marseille, pendant la guerre.

Transmission

Aujourd’hui, c’est grâce à l’association « Les chemins de la Résistance » et son projet « Résister en famille », auquel des membres de l’équipe pédagogique de l’école de Pierrefort ont participé avec leurs classes respectives, que l’on peut raconter l’histoire de ces familles et de ces religieuses.

Cindy Chalmeton, Marylène Roux et Maryne Thérond ont guidé leurs élèves de grande section (CP, CM1 et CE2-CM2) dans la découverte de ces figures de la Résistance du Cantal. Au cours de leurs recherches, ils ont ainsi découvert l’histoire de trois religieuses de l’Ordre de Saint-Joseph, originaires de Pierrefort, reconnues par Yad Vashem le 6 février 2002 comme « Justes parmi les Nations » pour avoir sauvé des juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

Après la guerre, Colette et Jacqueline sont souvent revenues à Allanche visiter les deux religieuses qui, par modestie, ont toujours tu leur action durant la guerre et refusé l’idée d’être récompensées ce qui leur avait été essentiellement guidé par leur sens du devoir. Toutefois, au décès de sœur Marie-Étienne, Colette et Jacqueline ont estimé qu’il était de leur devoir d’honorer les deux femmes qui leur ont vraisemblablement sauvé la vie et faire officiellement reconnaître leur mérite. C’est d’ailleurs grâce aux renseignements fournis par le comité du Mémorial de la Shoah que sont parvenus les détails de cette histoire, en grande partie consignés dans les biographies écrites par Monseigneur Lazare pour l’instruction de leur dossier de distinction. Ces précieux éléments ont permis aux élèves de retrouver et prendre contact avec les enfants de Colette, qui ont accepté de dialoguer en visio avec eux et enrichir de nouveaux détails le récit du sauvetage de leur mère.

Très émus, Hélène, Carole, Évelyne et Philippe Florentin ont rencontré les élèves lors de la présentation de leur travail à Neuvéglise avant de se rendre à Allanche pour retrouver les lieux où leurs mère et cousine ont été instruites et protégées et échanger avec des représentants de la mairie et de l’association des Amis du vieil Allanche. « Ce projet, profondément humain, a, selon Cindy Chalmeton, permis aux élèves de comprendre l’Histoire autrement, à travers des récits de courage, de protection et de transmission mais aussi de resserrer encore davantage les liens entre la famille Florentin et la commune du Cézallier, qui se réjouira toujours de leur présence et de leur amitié, témoignage vivant qu’il y a eu, en son sein, des femmes et des hommes honorables et justes ».