Boulogne : cérémonie en l’hommage d’un fermier devenu Juste parmi les nations

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Dossier n°

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Boulogne : cérémonie en l’hommage d’un fermier devenu Juste parmi les nations

Du 11/06/2019

 

Pierre-Christophe Baguet, le maire de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), lors de la cérémonie à la mémoire de Pierre Delbos, qui s’est vu décerner le titre de Juste parmi les nations, le 6 juin 2019. (Crédit photo : YadVashemFrance / Twitter)

 

 

Pierre Delbos, agriculteur du Cantal, a sauvé quatre Juifs lors de la Seconde guerre mondiale

Ce jeudi 6 juin, une cérémonie était organisée à la mairie de Boulogne-Billancourt à la mémoire de Pierre Delbos, qui s’est vu décerner à titre posthume le titre de Juste parmi les nations par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem l’année dernière, a annoncé sur Twitter le Comité français de Yad Vashem.

Né en 1900, décédé en 1971, Pierre Delbos, agriculteur du Cantal, a sauvé quatre Juifs lors de la Seconde guerre mondiale. 

En 1942, Ruchla Apfelbaum trouve un passeur afin d’envoyer sa fille en zone non occupée. L’année précédente, son mari avait été déporté au camp de Pithiviers, avant d’être envoyé et assassiné à Auschwitz.

Pour son voyage, la jeune Raymonde, 3 ans, est accompagnée de sa tante Léa Konski, 16 ans. Après un passage par Dijon, elles se retrouvent à Niac, un hameau d’une dizaine de maisons de la commune de Ayrens, en Auvergne. Selon le site de Yad Vashem France, Pierre Delbos, 42 ans, divorcé, les a accueillies chaleureusement, leur laissant même son lit et allait dormir dans la grange.

 

« Il n’avait grand-chose, quatre vaches et un cochon », explique aujourd’hui au Parisien René Delbos, le neveu de Pierre Delbos. « Il s’est débrouillé, il a été très généreux. »

Etta Konski, la grand-mère maternelle de Raymonde, les rejoindront peu après accompagnée de son fils, l’oncle Maurice Konski.

 

« Pierre Delbos a tout fait pour rendre la vie le plus agréable possible pour ces quatre personnes », explique le site de Yad Vashem France. « Raymonde se souvient qu’elle restait le plus souvent dans la ferme sans sortir pour ne pas être vue des voisins. Il n’a pas été question de compensation financière pour leur séjour. Les quatre personnes sont restées à la ferme jusqu’au mois d’août 1944. »

 

Elles ont ensuite rejoint une tante, Sarah Konska, une sœur de la mère de Raymonde qui était cachée à Aurillac, à une quinzaine de kilomètres de la commune d’Ayrens. Ruchia Apfelbaum a finalement retrouvé sa fille – qu’elle n’avait pas vue pendant près de trois ans – à Aurillac. Le 27 mai dernier, cette même ville d’Aurillac a inauguré sa « rue des Justes ».

 

Après la guerre, les contacts se sont poursuivis entre Pierre Delbos et les familles Apfelbaum et Konski qu’il a permis de sauver. Le fermier leur a d’ailleurs rendu visite à plusieurs reprises à Paris.

 

Raymonde Kalma (née Apfelbaum) était présente à la cérémonie d’hommage à la mairie de Boulogne-Billancourt – ville où elle réside. Pierre Delbos est devenu Juste parmi les nations grâce aux efforts de la fille de Raymonde, Laurence Scebat.

 

Interrogée par Le Parisien sur les raisons pour lesquelles sa mère et ses proches se sont retrouvés dans la ferme de Pierre Delbos, dans le Cantal, Laurence Scebat répond : « Une des sœurs de ma grand-mère est allée en Auvergne à la recherche d’un lieu où faire héberger sa famille. Faisait-elle partie d’un réseau de résistance ? Je ne sais pas. Toujours est-il que son rendez-vous ne vient pas. À la place, elle rencontre un certain André. Il possédait une distillerie à Paris, dans laquelle Pierre Delbos a travaillé avant la guerre. Je pense que c’est comme ça qu’il se retrouve mêlé à l’histoire et voit arriver chez lui, quelques mois plus tard, ma mère et sa tante. »

 

« Personne ne les voyait [dans la commune]. Une dame âgée de 97 ans m’a raconté qu’elle voyait de temps en temps Maurice, l’oncle de ma mère, alors âgé d’une vingtaine d’années. Peut-être qu’il aidait Pierre Delbos à la ferme », ajoute Laurence Scebat.

 

Le titre de Juste parmi les nations est la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël. Il est décerné à ceux qui, par leurs actions et malgré le danger, ont permis de sauver la vie de Juifs durant la Seconde guerre mondiale. Au 1er janvier 2018, 27 362 personnes à travers le monde s’étaient vus décerner le titre, dont 4 099 en France.