Mardi 17 juin, deux Bussiérois vont être décorés, à titre posthume, Justes parmi les Nations lors d’une cérémonie.
L’Écho du Berry – Article écrit par Par Marie Desages
Pendant plusieurs années, Josette Goetz, fille de Gerda et Artur Goetz, aujourd’hui âgée de 84 ans, s’est battue pour que reconnaissance soit faite de l’action menée pendant la guerre par Clémentine, (née en 1887) et Georges Dumont (1884), agriculteurs à Bussière-Saint-Georges.
C’est chose faite depuis le 22 novembre 2022, date à laquelle Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah, leur a décerné le titre de Justes parmi les Nations.
Pendant plus d’un an, entre juillet 1943 et novembre 1944, ce couple résidant aux Essarts a hébergé, protégé et sauvé la famille Goetz, de confession juive, de la barbarie nazie. « Mes parents étaient d’origine allemande, raconte Josette Goetz dans un courrier. Ils sont arrivés en France avec leur famille respective en 1933. Les parents de ma mère ont ouvert un restaurant à Paris dans le IXe arrondissement, et c’est là qu’Arthur et Gerda se sont rencontrés. »
A la déclaration de la guerre en 1939, et bien qu’ayant demandé l’asile politique, ils étaient toujours considérés comme des Allemands. « Ma mère a donc été enfermée au Camp de Gurs dans le sud de la France et mon père est parti à la légion étrangère. » Quand les Allemands ont envahi le Sud, les militaires qui gardaient le camp de Gurs ont laissé partir les prisonniers. Gerda a alors pu s’installer à Jurançon et faire libérer Arthur de la légion étrangère en novembre 1940.
Des risques considérables
A cause de l’avancée des troupes allemandes, « nous sommes remontés vers le centre de la France. En 1943, nous nous sommes retrouvés dans la Creuse, dans un petit hameau de Bussière-Saint-Georges. J’avais 22 mois. » Clémentine et Georges ont alors tout naturellement caché et pris soin de cette famille, avec des risques considérables car, à l’époque, selon l’historien creusois Christophe Moreigne, la menace était grande, « notamment en raison de la présence de la sinistre Gestapo de Montluçon qui a fait des rafles-arrestations pour extermination des juifs dans la Creuse. »
Des liens très forts se sont tissés entre ces deux familles et ont perduré au fil des ans. Le couple Dumont avait une fille, Marie-Louise, qui avait quatre enfants, dont la seule survivante, Thérèse Autour, 87 ans, sera présente lors de la cérémonie et recevra, en mémoire de ses grands-parents décédés en 1967 et 1982, la médaille et le diplôme des Justes parmi les Nations.
L’arrière-petite-fille des Dumont, Josette Martin, dont le prénom n’est pas dû au hasard, et trois de ses cousins seront également présents aux côtés de Josette Goetz, mardi 17 juin à 14h30.
Plus de 80 ans après ces événements, la commune de Bussière-Saint-Georges accueillera cette cérémonie ouverte à tous, à laquelle habitants, écoliers et collégiens devraient prendre part afin de montrer leur admiration à ces héros du quotidien, qui sortent aujourd’hui de l’anonymat.
Leur nom sera désormais à jamais gravé sur le mur d’honneur dans le jardin des Justes parmi les Nations à Yad Vashem, Jérusalem.