Canet – Elle avait sauvé des enfants juifs pendant la guerre : hommage rendu à Canet
Du 27/06/2014
Patrick Danjou fils de Mary Elmes
Une Irlandaise avait réussi à extraire des enfants juifs du camp de Rivesaltes pendant la seconde guerre mondiale. Deux enfants sauvés ont demandé pour elle la médaille des Justes parmi les nations. Elle est remise ce vendredi à titre posthume.
On les appelle les Justes parmi les nations. Ces femmes, ces hommes, qui ont sauvé des Juifs, souvent en les cachant, pendant la seconde guerre mondiale. A Canet-en-Roussillon, la mémoire de Mary Elmes est honorée ce vendredi. Cette Irlandaise recevra une médaille à titre posthume. Pendant le conflit, elle avait réussi à extraire des enfants juifs du camp de Rivesaltes.
En fait, l’engagement de Mary Elmes a commencé très tôt, dès 1937, en pleine guerre d’Espagne. Cette Irlandaise rejoint le sud du pays pour apporter une aide humanitaire. Elle va travailler dans des hôpitaux pour enfants à Almeria et Alicante. Mais en 1939, elle doit fuir vers le nord, et elle arrive en France avec les milliers d’Espagnols de la Retirada. Avec les travailleurs sociaux qui la suivent, elle découvre alors les camps du Roussillon, et surtout leurs conditions de vie, ou plutôt de survie.
En juin 1940, c’est la défaite de la France face à l’Allemagne. Un nouveau camp ouvre à Rivesaltes, où l’on entasse les Espagnols et les Juifs. Si Mary Elmes parvient à rester dans le camp pour apporter de l’aide humanitaire, c’est parce qu’elle est Irlandaise, et que l’Irlande est un pays neutre dans le conflit mondial.
Puis les Allemands commencent à déporter des Juifs… Mary Elmes arrive à mettre certains enfants juifs à l’abri dans des « colonies », notamment à la Villa Saint-Christophe, à Canet-en-Roussillon. Mais très vite, ça ne suffit plus… L’Irlandaise, avec son réseau, parvient à éloigner encore plus les enfants, jusqu’à en faire passer certains aux Etats-Unis. Mais elle est dénoncée et passe six mois en prison à Toulouse et Fresnes.
Mary Elmes, dans sa jeunesse © Mathieu Ferri / Radio France
Une reconnaissance tardive pour Mary Elmes
L’Irlandaise n’a jamais voulu tirer aucune gloire de son action à l’époque, même si elle en parlait à sa famille et aux gens qui la connaissaient. Elle a d’ailleurs refusé la Légion d’honneur qu’on voulait lui donner après la guerre. C’est seulement parce que deux enfants juifs sauvés, Ronald et Michael Friend, ont fouillé dans leur propre histoire que l’action de Mary Elmes a ressurgi.
Ces deux enfants, âgés de plus de 70 ans aujourd’hui, ont donc contacté la mairie de Canet, qui a retrouvé la famille de Mary Elmes. Ces deux enfants sauvés, qui vivent à New-York aujourd’hui, ont réclamé la médaille de Juste parmi les nations pour celle qui les a sauvés. Mais l’Irlandaise est décédée en 2002, c’est donc à titre posthume qu’elle reçoit cette distinction ce vendredi. C’est d’ailleurs la seule irlandaise à recevoir le titre de Juste parmi les nations.
« Je suis fier pour ce qu’elle a accompli ». Patrick Danjou, le fils de Mary Elmes
Un des enfants juifs sauvé sera présent ce vendredi à Canet-en-Roussillon pour la cérémonie. L’hommage débute à 14h à l’emplacement de la Villa Saint-Christophe, à l’angle de la Promenade de la Côte Vermeille et de la rue de Cerdagne. La médaille sera ensuite remise aux enfants de Mary Elmes, Caroline et Patrick Danjou.
Mathieu Ferri, France Bleu Roussillon
Article lié au Dossier 12543