Comment Solange, enfant juive, a été sauvée de la déportation par un couple de Lormaye, en Eure-et-Loir
Du13/09/2019
Solange Speiser, enfant juive, a été cachée pendant la Seconde Guerre mondiale par Lucienne et Albert Jouvelin, cultivateurs à Lormaye, en Eure-et-Loir. © agence de Chartres
Le 6 juin 1944, alors que les Alliés débarquent sur les plages de Normandie, Solange Speiser, 13 ans, passe avec succès l’examen du certificat d’études, à Lormaye, près de Nogent-le-Roi.
Depuis juillet 1942, cette enfant juive est cachée dans la ferme d’Albert et Lucienne Jouvelin, au lieu-dit Chanvres, à Lormaye. Avec la complicité de la directrice de l’école du village, Berthe Polvé, ce couple de cultivateurs euréliens a risqué sa vie pour sauver celle de cette petite Parisienne, envoyée par sa mère à la campagne, au lendemain de la rafle du Vélodrome d’Hiver.
Aujourd’hui âgée de 88 ans, Solange Lehmann (de son nom d’épouse) n’a rien oublié de cette période. C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle reviendra en Eure-et-Loir, dimanche 15 septembre, pour participer à l’inauguration d’un nouveau lieu de mémoire : les Jardins des Justes parmi les Nations, qui jouxtent la mairie de Lormaye.
Une plaque en hommage à Lucienne et Albert Jouvelin, décédés en 1955 et en 1987, sera dévoilée.
« Je suis en vie grâce à Lucienne et Albert Jouvelin. À Lormaye, je ne portais plus l’étoile jaune. Il y a eu des moments d’angoisse, car pour aller à l’école, je devais passer devant la Kommandantur. »
SOLANGE LEHMANN
Dimanche 15 septembre, Solange Lehmann retrouvera Patrick Jouvelin, l’un des petits-fils d’Albert et Lucienne, également adjoint au maire de Lormaye, qui a œuvré à la préparation de cette cérémonie.
« Mon grand-père était très réservé. Enfant, quand je venais en vacances chez lui, il me racontait sa guerre, celle de 14-18. Mais jamais, il ne m’a parlé de Solange ; ma mère non plus », confie Patrick Jouvelin.
C’est seulement en 2005 que le retraité apprend l’existence de Solange Lehmann, alors qu’elle commence à entreprendre des démarches pour honorer la mémoire d’Albert et Lucienne Jouvelin.
Le 1er février 2017, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné, de façon posthume, le titre de Juste parmi les Nations à Lucienne et Albert Jouvelin.
Justes. Vingt-huit habitants d’Eure-et-Loir ont été nommés Justes, depuis 1996. Germaine et Adrien Philippe ont été les premiers à obtenir cette distinction dans le département, pour avoir caché une petite fille juive chez eux, à Beaumont-les-Autels.
Hélène Bonnet
Article lié au Dossier 13364