Daniel et Yvonne Lebrat : un couple de Justes à Devesset
U 07/06/2016
Daniel et Yvonne Lebrat : un couple de Justes à Devesset
Dimanche, la mairie de Devesset a servi de cadre à une cérémonie pleine d’émotion. Daniel Lebrat (1903-1977) et son épouse Yvonne née Valla (1906-1977) ont reçu, à titre posthume, la médaille de Justes parmi les nations.
Ce titre de « Juste » est décerné, après une enquête minutieuse, par l’Institut Yad Vashem. Il distingue une personne non-juive qui, au péril de sa propre vie, a contribué à sauver des Juifs pendant la dernière guerre. Le couple Lebrat rejoint la longue liste des Justes du Plateau Vivarais-Lignon.
C’est le deuxième couple de Justes de Devesset. Le 22 août 2013, une cérémonie comparable, à titre posthume là aussi, avait eu lieu pour Léon Morel et sa femme Pauline née Lebrat qui avaient caché Max Fajn.
La demande de reconnaissance a été faite par Jacqueline Giraud, née Ryczywol, qui a été mise à l’abri durant une année, de la fin 1943 à la fin 1944, chez les Lebrat à Devesset. Sous la fausse identité de Jacqueline Ricci, la fillette a ainsi échappé au pire. Arielle Krief, déléguée régionale, représentait Yad Vashem dimanche.
L’histoire telle qu’elle est narrée sur la fiche de l’Institut Yad Vashem
Abraham Mozeck Ryczywol et son épouse Rywka sont tous deux originaires de Varsovie en Pologne. Ils arrivent en France vers 1925 et se marient en 1929. Ils ont quatre filles : Paulette en 1930, Jacqueline en 1934 et des jumelles Ginette et Bella nées en 1937. La famille habite Boulevard Voltaire à Paris à Paris dans le 11ème arrondissement. Le père y a un atelier de maroquinerie.
En 1941, le père est arrêté lors de la rafle des Juifs étrangers dans le 11ème arrondissement. L’appartement et l’atelier sont confisqués. Abraham est interné à Drancy et est déporté à Auschwitz par le convoi N° 34 du 16 septembre 1942. Il survit à la déportation.
Rywka confie ses trois plus jeunes enfants à l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants). Elle tente de passer en zone libre avec sa fille aînée. Elles sont arrêtées et mises en résidence forcée à Culan dans le Cher. Le maire, René Barathon, prend Rywka à son service et la protège avec Paulette jusqu’à la fin de la guerre. Il parvient à leur éviter l’internement au camp de Douadic et la déportation.
Les trois filles sont placées au château du Masgelier dans la Creuse, puis au Château de Montintin en Haute-Vienne. Fin 1943, Jacqueline est convoyée vers l’Ardèche et remise aux bons soins de Daniel et Yvonne Lebrat, un couple sans enfant. Pendant un an, elle est protégée et choyée par ce couple généreux sous la fausse identité de Jacqueline Ricci. Elle va à l’école du village. Elle est présentée comme une petite en vacances à la montagne. Fin 1944, une personne vient la chercher et l’emmène en Isère au Château de Cessieu ou elle retrouve sa sœur jumelle. Les deux sœurs y restent jusqu’en 1947 où elles rentrent à Paris retrouver leur famille qui a réussi à récupérer l’appartement spolié.
Article lié au Dossier 13040