Deux familles des Yvelines proposées pour devenir Justes parmi les nations

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Dossier n°

12855

Deux familles des Yvelines proposées pour devenir Justes parmi les nations

Du 29/04/2018

 

 

 

 

Limay, samedi. Le maire (PCF) Eric Roulot et la ville ont rendu hommage à Rywka Tenenbaum, morte en déportation, et aux époux Morin, qui ont caché un petit garçon juif durant la guerre, en présence des descendants des deux familles. LP/L. MT.

Les époux Morin et Da Cuhna avaient sauvé des familles juives de la déportation durant la Seconde Guerre mondiale.

Ce sont des histoires comme il en existe des milliers. Mais qui touchent si profondément l’âme humaine qu’elles deviennent uniques lorsqu’on les entend. Comme celles des familles Tenenbaum, Morin, Da Cuhna et Dauman, auxquelles la municipalité de Limay (Yvelines) a tenu à rendre hommage samedi à l’occasion de la Journée nationale de la déportation, en invitant les descendants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, de ces êtres qui ont été touchés par l’indicible, mais aussi par la grâce.

« Car la tragédie et l’horreur côtoient souvent le meilleur », a rappelé le maire (PCF) Eric Roulot au cours de la cérémonie. L’horreur et la tragédie, vécues par Rywka Tenenbaum, prise dans une rafle le 26 octobre 1942 à son domicile de la rue de l’Eglise et qui ne reverra jamais son mari Isaak et ses quatre filles, Henriette, Rachel, Madeleine et Paulette. Envoyée à Auschwitz le 11 novembre, elle ne reviendra jamais de ce camp de la mort. Le meilleur : avant de suivre ses bourreaux, la mère de famille de 47 ans lance à ses voisins, Irmani et Rolande Da Cuhna : « prenez soin de mes enfants ! » Ils le feront, cachant dans leur grenier les filles et leur père, qui avait échappé à la rafle par miracle, à leurs risques et périls.

La plus haute distinction honorifique

Un peu plus loin avenue Wilson, à la même période, un autre couple défie lui aussi les autorités occupantes et collaborationnistes. De 1942 à 1944, Aurélien et Julienne Morin s’occuperont ainsi du petit Henri Dauman que sa maman Annette est venue leur confier. En 1942, le père, Charles, a déjà été envoyé à Auschwitz mais Annette tient à rester à Paris. La rafle du Vel’d’Hiv’, le 19 juillet, dont l’enfant et sa mère réchappent là aussi miraculeusement, met un terme à cette volonté de continuer à vivre dans la capitale. Les Morin, qui avaient l’habitude d’accueillir les Dauman dans leur appartement du 2e étage pour les vacances, n’hésiteront pas au moment de sauver la petite famille d’une mort certaine.

Devenu un photographe célèbre aux Etats-Unis, Henri Dauman, âgé aujourd’hui de 85 ans, n’a jamais oublié les époux Morin. Il a entamé les démarches pour qu’Aurélien et Julienne soient consacrés « Justes parmi les nations », la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs. La ville de Limay proposera, elle, le nom des Da Cuhna afin qu’ils deviennent, eux aussi, des Justes. Par ailleurs, le nom de Rywka Tenenbaum sera inscrit sur le monument aux morts de la commune, « au même titre que celles et ceux qui sont tombés pour la France », confie Eric Roulot.

Laurent Mansart