Discours de Delphine Bürkli, Maire du 9e – Dévoilement d’une plaque commémorative en mémoire des Justes parmi les Nations du 9e
Du 27/01/2020
Discours de Delphine Bürkli, Maire du 9e arrondissement de Paris
« Madame la déléguée du Comité français pour Yad Vashem, chère Viviane Saül ,
Madame la Ministre Conseiller à la diplomatie de l’ambassade d’Israël,
Chers représentants des associations d’anciens combattants du 9e, cher Jean-François Neudin, cher Denis Saulou,
Monsieur le Premier adjoint, cher Alexis Govciyan,
Cher élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Il y a 15 ans jour pour jour, le 27 janvier 2005, le Président Chirac inaugurait aux côtés de Simone Veil le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah. Ce monument est plus qu’un lieu de recueillement. Il est le témoin de l’horreur, de l’indicible. Le témoin de notre histoire commune, aussi effroyable soit-elle, qu’il nous faut prendre comme un bloc. C’est notre héritage aussi douloureux soit-il, c’est notre identité.
C’est dans cet esprit que nous nous sommes rassemblés ce matin aux côtés du Président Macron, participant ainsi à la transmission de notre histoire commune, dont les Justes de France ont montré le chemin.
Des Justes, des hommes et des femmes que le Président Chirac – sur proposition de Simone Veil alors présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah – a fait entrer au Panthéon en 2007. Une plaque a été apposée dans la crypte pour qu’à tout jamais la France se souvienne de ceux qui « ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité ».
Ce matin, treize ans après, et en ce jour du 75e anniversaire de la libération du camp de Auschwitz, j’ai souhaité que nous honorions, ici même, les Justes qui se sont illustrés dans notre arrondissement. Eux dont l’histoire nous a montré le chemin, en incarnant la France dans ce qu’elle a de plus grand et de plus beau. Dans ses valeurs inaliénables, qui font notre fierté. Ces hommes et ces femmes, nommés Justes parmi les Nations, ont reçu la plus haute distinction civile décernée par l’État d’Israël, attribuée à des personnes non juives qui, au péril de leur vie, ont aidé des Juifs persécutés par l’occupant nazi.
Les Justes reconnus ou restés anonymes, se trouvaient dans toute la France. Et biensur à Paris. Ils avaient mille visages. C’étaient des hommes et des femmes de toutes conditions. Indignés, ils ne se sont pas arrêtés aux mots, ils sont passés à l’acte et ont choisi délibérément de désobéir. Par humanisme, ils ont risqué de tout perdre pour protéger la vie de leurs voisins, de leurs amis et parfois même d’inconnus.
Dans quelques instants, nous dévoilerons la plaque sur laquelle leurs noms ont été gravés à tout jamais et fixés sur les murs de notre maison commune. Tout un symbole! Eux, qui méritent tant les honneurs de la France, ont enfin leur place en face de ceux qui sont morts pour la défendre. C’était notre souhait, cher Alexis Govciyan, chère Viviane Saul, et je suis très fière que nous soyons parvenus à l’exaucer. Cette plaque s’inscrit dans un travail de mémoire que nous menons cote à cote depuis de nombreuses années, et auquel j’accorde une importance particulière.
Ils s’appelaient Monsieur et Madame Bureau, Monsieur et Madame Ferrari, Madamoiselle Martin, Madame Justes, Madame Laurent, Madame Russel, Monsieur et Madame Mélas, Madame Pava, Madame Serrade-Khoudy, Madame Nugeyre, Messieurs et Madame Barone. Ils habitaient le 9e arrondissement de Paris et ont fait le choix de la lumière. Ils ont combattu pour la tolérance et la fraternité. Contre l’antisémitisme.
À travers chacune de leurs histoires, qui sera révélées et transmises ici même et dans nos supports aux habitants, les Justes sont devenus des exemples de courage pour toutes les générations à venir. Ils nous laissent en héritage leur combat pour la dignité humaine et méritent toute l’admiration qui est la nôtre et surtout notre infinie reconnaissance.
Leurs actes doivent continuer aujourd’hui à nous guider. Ces héros ordinaires qu’étaient les Justes, qui pensaient, toutes origines et milieux confondus, n’accomplir que leur devoir, nous livrent encore aujourd’hui un message universel. Ils restent la lumière qui nous guide pour combattre ce mal absolu qu’est l’antisémitisme, malheureusement toujours présent dans nos sociétés.
Permettez-moi de terminer par les mots du Président Chirac, prononcés il y a plus de dix ans, mais qui résonnent de façon si particulière aujourd’hui.
‘’A un moment où montent l’individualisme et la tentation des antagonismes, ce que nous devons voir, dans le miroir que nous tend le visage de chaque être humain, ce n’est pas sa différence, mais ce qu’il y a d’universel en lui.’’
Des paroles à ne jamais oublier. Pour Défendre nos valeurs, celles de notre République, en toutes circonstances, pour vaincre la haine et l’obscurantisme.
Vive la France
Vive la République »