Espartignac, en Corrèze, un couple distingué à titre posthume

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Dossier n°

12963

Espartignac, en Corrèze, un couple distingué à titre posthume

Du 20/11/2016


André et Marie Grangeon ont caché une famille juive dans leur ferme d’Espartignac, pendant la guerre. Ce dimanche 20 novembre, ils ont reçu la médaille de « Justes parmi les Nations », la plus haute distinction délivrée par l’Etat d’Israël. 

La commune d’Espartignac a vécu hier matin, un événement rare et hautement symbolique, la remise de médaille «Justes parmi les Nations».
Cette cérémonie, à l’initiative du comité français Yad Vashem, honorait l’action de Marie et André Grangeon qui ont caché une famille juive, Herman Merkin, sa femme, Marjema, leur fils William et un ami de la famille, David Sheinberg à partir de l’été 1942 dans leur ferme du Bois Lafage sur la commune d’Espartignac.
La cérémonie a débuté par la chanson «Nuit et brouillard» de Jean Ferrat, interprétée a capella par Hélène et Raymond Lauxire. L’émotion était déjà palpable et est allée crescendo. «La route a été longue pour arriver à cette cérémonie. Nous n’oublions rien de notre passé, nous avons le devoir de transmettre notre mémoire» soulignait Françoise Chategnier, maire d’Espartignac avant de rappeler le contexte des années 42-43 et de donner lecture du message d’Aimée Pouget, fille d’Antoine Pouget, résistant qui sera arrêté par les allemands. «En cette période troublée, il faut redire qu’il est toujours possible d’agir contre la barbarie» insistait Françoise Chategnier.
Délégué régional du comité français Yad Vashem, Gérard Benguigui précisait la signification de cette cérémonie en hommage aux «Justes parmi les Nations» et le rôle du mémorial Yad Vashem:   perpétuer le souvenir des 6 millions de juifs assassinés par les Nazis et leurs collaborateurs de 1933 à 1945, honorer tous les actes d’héroïsme et de sauvetage se rapportant à l’holocauste de la deuxième guerre mondiale, enseigner aux générations suivantes cette histoire comme «une balise d’avertissement contre l’antisémitisme, la haine et les génocides à travers le monde». Ce mémorial est également le lieu où l’on rend hommage aux «Justes parmi les Nations», la plus haute distinction civile de l’état d’Israël pour qualifier «les non juifs vertueux œuvrant avec compassion et justice», «des personnes non juives qui choisirent de sauver des juifs en danger au péril de leur vie».
Gérard Benguigui indiquait qu’au 1er janvier 2016, 26.119 «Justes parmi les Nations» ont été recensés dans le monde et parmi eux on compte 3.295 Justes de France dont 53 dans notre département. «A Espartignac, ces héros ont un nom : André et Marie Grangeon. Ils ont bravé tous les périls, méprisé le danger et n’ont écouté que ce que leur dictait leur conscience. Ils ont donné au mot fraternité son sens le plus noble et le plus profond» soulignait-il pour rendre hommage «à ces héros anonymes ]…[ qui ont su dire non à la barbarie, à cette indigne chasse à l’homme et à l’enfant, aux lois d’exception et de l’arbitraire».
Evoquant le contexte actuel marqué par le retour de la haine antisémite, il interrogeait «sommes-nous de nouveau entrés dans une ère où les juifs devront se cacher et appeler à leur secours les «Justes» du XXIe siècle». Gérard Benguigui invitait la commune d’Espartignac à rejoindre le réseau des «villes et villages des Justes de France» afin de témoigner du devoir et du droit à la mémoire «afin que les jeunes générations soient averties du danger de l’intolérance, du racisme, de l’antisémitisme, du négationisme».
Après la lecture du poème «Le badge» par la jeune Pauline, David et Serge Merkin, fils de William (Willy) et Myrian Merkin représentant les petits enfants, venus des Etats-Unis où ils résident, ont témoigné de l’engagement de Marie et André Grangeon. «Notre père a toujours admiré la façon dont la famille Grangeon a agi».
Avant de remettre le diplôme et la médaille de «Justes parmi les Nations» à Michel Demonjean, Gérard Benguigi précisait «ça ne se fait pas à la légère, c’est un tribunal qui le décide sur la base de témoignages fiables».  Emu, Michel Demonjean expliquait sa démarche avec Willy Merkin, pour faire reconnaître l’acte honorable de Marie et André Grangeon. «S’il n’y avait pas eu tes grands parents, je ne serais pas ici» lui avait confié Willy Merkin en racontant le courage du couple.
La lecture du poème «Les Justes» par Esteban, la version chantée du Chant des partisans, les allocutions d’Alain Ballay, député de la circonscription Tulle-Ussel, de Cédric Verline secrétaire général de la préfecture, rendant hommage au couple Grangeon, «des gens qui au péril de leur vie ont montré toute l’humanité de la France» ont conclu cette très émouvante cérémonie qui s’est achevée par une minute de silence, suivie de l’interprétation des hymnes nationaux «l’Hatikva» et «La Marseillaise» entonnée par la nombreuse assistance.