Foulayronnes (47) : à la mémoire de Justes

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Dossier n°

10368

Foulayronnes (47) : à la mémoire de Justes

Du 08/11/2013

 

 

 

 

 

Roger Cenou et son épouse Nicole, chez eux, à Foulayronnes. (Jean-Louis Borderie)
Roger Cenou, 78 ans, représente aujourd’hui son grand-père et l’épouse de ce dernier, dans une histoire familiale dont il ignorait tout il y a une dizaine d’années.

C’était il y a une dizaine d’années. Roger Cenou se souvient « être tombé des nues ». En même temps qu’il écoutait Caroline Daigueperse raconter l’histoire de sa mère à elle, lui-même découvrait tout un pan de son histoire familiale.

Il découvrait que son grand-père paternel Fernand Cenou et l’épouse de ce dernier, Aurélie, avaient hébergé durant une partie de la Seconde Guerre mondiale la famille Daigueperse d’alors, une mère et ses six enfants de confession juive, chez eux, à Boé.

 

Aujourd’hui, à 78 ans, Roger Cenou représente ce couple, reconnu « Justes parmi les nations » à titre posthume, lors de la cérémonie officielle, à Boé.

« Avec fierté », les yeux humides et quelques trémolos d’émotion dans la voix. De son grand-père, Roger Cenou n’a retrouvé que de rares photos et des souvenirs « qui se résument à très peu de chose ». « C’était un personnage. Un bonhomme de son époque, pas très câlin. Il gardait une certaine distance. Mon père le vouvoyait. »

Roger Cenou a alors 7 ans et habite avec ses parents, à Agen.

Il ne voit son grand-père, charron, qu’à l’occasion des fêtes et ne sait alors rien de la famille qu’héberge le couple. « Je savais que mon père participait à un certain nombre de choses », se remémore Roger Cenou.

« Je voyais des armes en sous-sol, j’entendais les recommandations de ma mère quand mon père partait. Mais pour mon grand-père, je ne savais rien. Le seul qui était au courant de cette histoire-là, c’était mon père. »

Mais lui non plus n’a rien transmis à son fils, aucun écrit, aucun récit. « Je n’ai rien, aucun document de mon grand-père, indique le septuagénaire. Les gens avaient une certaine méfiance, même après la guerre. Et puis dans ces générations, on ne parlait pas beaucoup. »

Les recherches de Caroline Daigueperse, le témoignage de sa mère Myriam, aujourd’hui âgée de 94 ans, ont abouti, suite à une enquête de l’association Yad Vashem, à l’attribution du titre de « Justes parmi les nations » au couple de Fernand et Aurélie Cenou. En tant que plus direct des descendants encore en vie, Roger Cenou les représente lors de la cérémonie officielle, à laquelle d’ailleurs Myriam Daigueperse devrait se rendre.

Sur la tombe de son grand-père, Roger Cenou a fait ajouter une plaque portant la mention de cette reconnaissance.

La sépulture de son épouse, Aurélie, « je ne sais pas où elle est », confie-t-il embêté.

Mariane Riboulet