Gard : Fourques rend hommage à une famille de Justes
Du 08/05/2014
Henri et Albert devant Alain, Simone et Ève Baud. Et Gil, le fils d’Albert. NASSIRA BELMEKKI
La commune de Fourques (Gard) a rendu hommage à la famille Baud qui a caché pendant la guerre Albert et Henri, deux enfants juifs.
« Ce n’est pas normal de voir son nom écrit sur le marbre et d’être encore vivant », souligne avec humour Henri Galler, qui vit aux Etats-Unis depuis 1941. Il avait 6 ans quand le Luxembourg, où résidait sa famille, juive, a été envahi par les Allemands. Le père demande à Charles et Joséphine Baud, paysans catholiques à Fourques, d’accueillir le petit Henri jusqu’à l’obtention des autorisations d’émigrer.
« Le mot merci est trop petit mais je n’en ai pas d’autres »
Henri Galler Les familles s’étaient connues en 1930 lors de vacances des Galler. Malgré les risques, énormes, les Baud acceptent. « Ils m’ont sauvé la vie comme ils ont sauvé celle de plusieurs personnes (résistants, aviateurs anglais…). Le mot merci est trop petit mais je n’en ai pas d’autres. Joséphine était comme ma mère. Merci à Fourques qui m’a protégé en gardant le secret ! Merci pour votre humanité… » Plus de 70 ans après, l’émotion étreint tous les participants lors de ce moment exceptionnel. Après la commémoration du 8 Mai 1945, le Mur des Justes, dédié au couple Baud et leur fils Gaston, a été inauguré jeudi, en présence de Simone et Alain, petits-enfants de Joséphine et Charles, enfants de Gaston.
Henri Galler Les familles s’étaient connues en 1930 lors de vacances des Galler. Malgré les risques, énormes, les Baud acceptent. « Ils m’ont sauvé la vie comme ils ont sauvé celle de plusieurs personnes (résistants, aviateurs anglais…). Le mot merci est trop petit mais je n’en ai pas d’autres. Joséphine était comme ma mère. Merci à Fourques qui m’a protégé en gardant le secret ! Merci pour votre humanité… » Plus de 70 ans après, l’émotion étreint tous les participants lors de ce moment exceptionnel. Après la commémoration du 8 Mai 1945, le Mur des Justes, dédié au couple Baud et leur fils Gaston, a été inauguré jeudi, en présence de Simone et Alain, petits-enfants de Joséphine et Charles, enfants de Gaston.
Dans une maison à côté de la… Kommandatur ! L’autre petit garçon était Albert Feldman. « Lors des rafles de Marseille, mon oncle a été déporté. Il a voulu s’échapper en sautant du train et a été abattu. Mes parents ont pris la décision de sauver la famille en nous dispersant. » En 1942, l’organisation clandestine URJE (Union des juifs pour la résistance et l’entraide) organise le départ d’Albert, 6 ans, qui ne réalise pas ce qui se passe. « Je me suis demandé longtemps pourquoi je n’avais pas eu peur de quitter ma famille. Je pense que c’est grâce à ma mère qui m’a dit que je partais en colonie de vacances… » Une “infirmière” l’amène de Marseille à Arles puis un homme en triporteur le laisse à Fourques, dans une maison à côté de la… Kommandatur ! « Ils ont eu le courage de me garder à côté des Allemands. Tout le village savait aussi et n’a rien dit. Vous avez toute ma reconnaissance… », s’émeut Albert.
Des liens très profonds Il ne retrouvera ses parents que plusieurs mois après la guerre. Presque par hasard. « C’est un Camarguais qui connaissait mon histoire qui a retrouvé mes parents, cachés eux aussi dans une famille à Marseille et qui ne savaient pas où j’étais. » Des liens profonds se sont tissés avec les Baud chez qui il est revenu pour les vacances pendant plusieurs années, avant que sa famille ne s’installe en Israël en 1951. « J’aimais les Baud aussi forts qu’on peut aimer quelqu’un. Et je reviens toujours ici au moins une fois par an… »
Le titre de Justes décerné en 1978 De la profondeur de la nuit, il y a eu ces milliers de lumières, ont rappelé le préfet et la députée Françoise Dumas. La famille Baud fut une de ces lumières. L’Institut Yad Vashem leur a décerné en 1978 le titre de Justes. Comme l’a rappelé Michaël Iancu, délégué Yad Vashem, 76 000 juifs en France, dont 11 000 enfants, ont été déportés. Seuls 2 550 sont revenus. Mais aucun enfant.
Catherine Mille
Article lié au Lieu de mémoire Mur des Justes parmi les Nations à Fourques