Hommage émouvant à deux « Justes parmi les nations »

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Dossier n°

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Hommage émouvant à deux « Justes parmi les nations »


Jeudi 18 octobre à 11 h 30, au palais épiscopal, la Ville de Belley et le Comité français pour Yad Vashem ont décerné le titre de « Justes parmi les nations » à Pierre et Anna Reveyron, restaurateurs belleysans aujourd’hui décédés, qui, durant la Seconde guerre mondiale, ont accueilli un enfant juif, Henri Klein.

La cérémonie s’est déroulée en présence de leur fils, André, 88 ans, d’Henri Klein, de leur famille et amis respectifs, du Comité français pour Yad Vashem, institut commémoratif des martyrs et héros de la Shoah, de l’attaché près l’ambassade d’Israël et des représentants du Conseil général, Conseil régional et de la Sous-préfecture.

L’intervention de Jean-Marc Fognini, maire

Jean-Marc Fognini, maire de Belley, a débuté son discours en rappelant qu‘« au moment même où à Izieu, 44 enfants et 7 adultes étaient victimes de la barbarie nazie, un couple de restaurateurs sauvait une vie innocente » . Il a poursuivi en exprimant « toute la fierté de la Municipalité de rendre hommage à Pierre et Anna Reveyron, deux citoyens belleysans, un homme et une femme ordinaires qui, au péril de leur vie et de leur réputation, ont accompli des actes extraordinaires. » L’élu a ensuite évoqué tous les héros anonymes qui ne seront peut-être jamais recensés, faute de témoignage ou par humilité, et les nombreuses victimes qui ont souffert de la folie meurtrière. Il a terminé son allocution par la phrase d’une des grandes figures de la déportation, Madame Simone Veil : « Les Justes pensaient avoir simplement traversé l’Histoire. En réalité, ils l’ont écrite ».

L’intervention d’Annie Karo, déléguée du comité français pour Yad Vashem

Annie Karo a évoqué dans son allocation le rôle de l’Institut Yad Vashem, lieu de mémoire unique situé à Jérusalem. Elle a ensuite rappelé que 3 690 Justes parmi les nations ont été reconnus à ce jour dont 19 dans l’Ain. Puis,elle a retracé l’histoire qui unit à jamais Henri Klein et André Reveyron.

« Les parents d’Henri Klein sont nés en Pologne. Son père Abraham arrive en France en 1933 et sa mère Henia le rejoint 2 ans plus tard, accompagnée de son frère ainé Maurice âgé de 6 ans. La famille habite à Lens où M. Klein est commerçant. Henri naît en 1937. Dès la déclaration de la guerre, M. et Mme Klein fuient le Nord de la France et s’installent à Lyon. Mais en novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre, les rafles s’intensifient et l’étau se resserre de plus en plus sur les Juifs. Abraham et Henia Klein décident alors de quitter la ville et de mettre leurs enfants à l’abri. Par l’intermédiaire d’un ami, M. Carol, garagiste à Grenoble, l’aîné est placé à Parves chez les Villemin, tandis que le petit Henri, âgé de 5 ans, est confié à Pierre et Anna Reveyron, qui tiennent un restaurant très populaire au 86 de la Grande rue à Belley.
C’est Pierre Reveyron lui-même qui ramène Henri à Belley où il est accueilli avec amour et affection. Pour faire taire les curieux, il présente le petit garçon comme son fils naturel et l’inscrit à l’école sous le nom d‘Henri Reveyron. Henri partage la vie de la famille et aussi celle du restaurant où il aide au service. Il se souvient que les Allemands fréquentaient le restaurant et que dans ces moments-là la salle lui était interdite et qu’il restait confiné en cuisine. Après la guerre Henri Klein a découvert avec surprise que, si dans la journée Pierre Reveyron dirigeait d’une main de fer le restaurant, la nuit il était à la tête d’un réseau de résistance local. Son fils ainé André l’aidait dans son action, notamment en transportant la nuit des munitions. M. et Mme Reveyron connaissaient parfaitement les risques qu’ils encouraient en aidant ce petit garçon juif mais ils n’ont écouté que leur conscience. Leur comportement exemplaire, leur générosité, leur action courageuse et désintéressée ont permis à Henri Klein d’échapper à la barbarie nazie et à la déportation dans les camps de la mort. A la libération, toute la famille Klein a le bonheur d’être de nouveau réunie et ré-emménage à Lyon où la vie reprend son cours, mais ils n’ont jamais oublié leurs sauveurs ».

L’intervention de la délégation du lycée du Bugey

Une délégation de lycéens s’est ensuite exprimée rappelant les grandes lignes historiques mais aussi l’importance du devoir de mémoire.

Remise de la plus haute distinction de l’Etat d’Israël

André Reveyron, très ému, a reçu au nom de ses parents, la médaille et le diplôme des « Justes parmi les nations », la plus haute distinction civile décernée depuis 1963 par l’Etat hébreu à des personnes non juives qui, au péril de leur vie, ont aidé des Juifs persécutés par l’occupant nazi. Leur nom sera gravé sur le Mur d’honneur dans le jardin des Justes parmi les nations à Jerusalem. Il a vivement remercié tout le monde, sans oublier « son frère » , Henri Klein.

source: http://www.belley.fr/Actualites/Hommage-emouvant-a-deux-Justes-parmi-les-nations du 18/101/2012