Hommages aux Justes : pour les martyrs et les sauveurs
Du 22/07/2019
Le président de la communauté juive de Nancy, Alain Lefebvre, a célébré la mémoire des victimes et des héros, et appelé à continuer à faire passer le message aux jeunes générations. Photo ER /Élie GUCKERT
La mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites commis par l’État français sous l’occupation, mais aussi celle des Justes de France qui leur sont venus en aide au péril de leur vie, ont été célébrés de concert ce 21 juillet 2019 devant le lycée Cyfflé où une place des Justes doit bientôt sortir de terre.
Ce 21 juillet les drapeaux tricolores et les uniformes ne sont pas tant là pour glorifier l’État que pour rappeler son rôle bien établi dans les atrocités antisémites commises en France et par la France, sous l’occupation. Si ce constat rassemble aujourd’hui l’immense majorité de la classe politique républicaine – comme en attestait ce dimanche la présence devant le lycée Cyfflé d’élus de la mairie, de la métropole et de la région venus de tous bords – le président de la communauté juive de Nancy, Alain Lefebvre, a tenu à rappeler que cela n’avait pas toujours été le cas. Jusqu’au discours du président Chirac du 16 juillet 1995, l’État français n’avait en effet jamais reconnu sa responsabilité propre dans la persécution des juifs.
« Flambeaux d’humanité »
« Dans un même mouvement, la Nation se souvient des Martyrs et des sauveurs […] Même dans la tragédie, il y eut des Justes, il y eut des flambeaux d’humanité », a écrit la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, dans sa lettre lue par Morgan Tanguy, le directeur de cabinet du préfet. « Certains ont été sauvés par leur voisin, leur boulanger, leur curé… Des gens qui encore aujourd’hui considèrent que ce qu’ils ont fait était normal et n’avait rien d’héroïque », raconte Alain Lefebvre avant de louer le courage des sept policiers nancéiens qui, lors de la rafle manquée du 19 juillet 42 , avaient sauvé près de 350 juifs. Cinq d’entre eux ont été reconnus Justes parmi les nations.
« Zahror » : souviens-toi
« Un à un s’éteignent les grands témoins de cette tragédie », a-t-il néanmoins prévenu, en parlant d’Élie Wiesel (mort en 2016), de Claude Lanzmann (mort en 2018) et de Simone Veil (morte en 2017). « Or la Torah nous fait injonction de nous souvenir » : « Zahror », « souviens-toi », dit-on en hébreu. Le président s’est ainsi félicité de la future présence d’une place des Justes devant un établissement scolaire , pour passer inlassablement ce message commun au Talmud et au Coran : « Qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière ».
Élie GUCKERT