“ Il ne devait rien nous raconter ”
Du 23/07/2018
Christiane Guitton et Henri Joinovici, hier matin à l’issue de la cérémonie. © Photo NR
Il est des histoires singulières, façonnées par les événements et par des hommes et des femmes courageux. Comme celle d’Henri Joinovici. Hier, Christine Guitton a raconté, en sa présence, comment son oncle et sa tante, René et Jeanne (mais que tout le monde appelait Madeleine) Nabineau ont caché ce petit garçon de 6 ans. Octobre 1942.
Henri et sa famille ont quitté Paris et se sont réfugiés dans la Sarthe. Les gendarmes français et les soldats allemands viennent les arrêter. A Henri, sa maman lui dit de rejoindre la famille Cartier à un kilomètre de là, d’autres personnes y sont déjà cachées. Henri sera alors envoyé à Paris, mais la ville est devenue bien trop dangereuse pour le petit garçon juif. Louise Cartier demande à son frère, installé à Tours d’accueillir le bambin. « René et Madeleine l’ont accueilli à Tours jusqu’à la fin de la guerre », a raconté Christiane Guitton, hier, lors de la cérémonie, entourée de ses petits et arrière-petits enfants. Le petit Henri, elle l’a rencontré souvent quand son oncle et sa tante venaient les visiter et chercher des denrées, à Maillé. « J’avais huit ans. J’étais très surprise de voir mon oncle et ma tante (sa marraine, NDLR), sans enfant, avec ce petit garçon. Nous avons joué avec lui sans poser de questions. Henri ne devait rien nous raconter. » Les deux enfants échapperont au massacre de Maillé.
A l’heure de la retraite, Henri Joinovici a entamé des démarches pour faire de « tonton René et tante Madeleine », des Justes parmi les Nations. Une cérémonie posthume avait eu lieu en 2006, à Maillé. L’enfant caché, seul rescapé de sa famille, n’a rien oublié.
Article lié au Dossier 10740