Inauguration du Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne
Du camp ne subsistent plus aujourd’hui que trois baraques… (DR)
23 – 24 février : inauguration puis ouverture du Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne.
Présentation par l’ONAC, Mémoire 78, Mémoire des conflits contemporains en région parisienne :
– « Combien de déportés ?
Sur les 54 000 personnes détenues à Compiègne-Royallieu, environ 50 000 ont été déportées vers les camps nazis. Cinquante-quatre convois sont partis de Compiègne entre mars 1942 et août 1944. Les convois déportant en moyenne un millier de personnes à chaque fois. Ces convois sont de plus en plus nombreux au fil des années : 5 en 1942, 22 en 1943, 27 en 1944.
– Vers quels camps ?
Les prisonniers du camp de Compiègne-Royallieu sont transférés dans des camps de concentration allemands ou dans des camps d’extermination situés dans les territoires annexés d’Europe centrale (Pologne). La majorité des détenus de Compiègne sont partis pour les camps de Buchenwald et de Mauthausen (Allemagne). Mais il y avait d’autres destinations. Les femmes ont été déportées vers le camp de Ravensbrück (Allemagne). Les premiers convois de Juifs sont partis de Compiègne en 1941 vers Auschwitz-Birkenau (Pologne). »
Relation dans « L’Express » :
– « Jusqu’en août 1944 y transitera une population très hétéroclite, en majorité des politiques et des résistants, pour beaucoup communistes, qui venaient de prisons de toute la France, mais aussi des juifs et des étrangers (Russes, Américains… arrêtés dans l’Hexagone).
Les internés n’y resteront pour la plupart pas plus d’un mois, avant d’être déportés vers les camps d’extermination. Certains sont désignés comme otages dans le cadre des mesures de représailles prises par les Allemands lors de meurtres d’officiers nazis.
Un « mur des noms » restitue leur identité aux internés, dont le mémorial rend compte des conditions de vie à travers des enregistrements sonores, des lettres, des dessins, des gravures, des photos d’époque ou des films. » (23 février)
Le Monde :
– « Faire vivre cette histoire relève du défi à l’heure des polémiques et compétitions mémorielles. Pour l’historien Christian Delage, cheville ouvrière du projet, l’objectif est clair : « Favoriser la réunion des mémoires, qui jusqu’ici se tenaient souvent à distance les unes des autres. » (24 février)
Un constat objectif : en son état actuel, le site du Mémorial pose question dans la mesure où, sur sa page d’ouverture, il laisse sous silence les internés juifs en n’évoquant que l’internement de prisonniers de guerre, de prisonniers politiques et d’otages :
NB : « En 1939, elle sert… », par « elle », il convient de comprendre la caserne de Royallieu (portail Mémorial)
A noter que « Le Monde » retient 45.000 internés. Alors que 54.000 détenus figurent dans la documentation de l’ONAC. Et que le monument de ce camp porte le chiffre de « 53.000 hommes, femmes et enfants »…
Stèle du camp (DR)
De ce camp partirent donc les deux premiers convois de juifs à destination d’Auschwitz, les 27 mars et 5 juin 1942. Huit témoignages décrivent les réalités de ce « Camp juif de Royallieu-Compiègne, 1941-1943 » dans un ouvrage paru en co-édition « Fondation pour la Mémoire de la Shoah – Le Manuscrit » :
– « Cet ouvrage, proposé par Serge Klarsfeld, réunit huit textes sur le camp «C», ou «camp juif», de Royallieu, un faubourg de Compiègne à 75 kilomètres au nord de Paris.
Ils viennent ajouter leur voix – jusqu’alors restées confidentielles – à celles précédemment publiées dans la même collection : la réédition enrichie du « Camp de la mort lente » de Jean-Jacques Bernard et les deux volumes exceptionnels et inédits du « Journal d’un interné » de Benjamin Schatzmann.Grâce à ce nouveau volume, le chercheur, l’étudiant ou l’honnête homme, pourra compléter sa compréhension des terribles conditions d’internement des Juifs dans ce camp de représailles nazi, sous autorité de l’armée allemande. »
« Le Camp juif de Royallieu Compiègne. 1941-1943 » (Publication 2006).
Autre ouvrage décrivant le sort des internés juifs à Compiègne : Jean-Jacques Bernard, « Le camp de la mort lente : Compiègne 1941 – 1942 », avec une préface de Serge Klarsfled :
– « Homme de lettres, J-J Bernard est arrêté par la Gestapo lors de la rafle dite des notables le 12/12/1941. Il transite par l’École militaire avant d’être transféré au camp de Compiègne-Royallieu. Il décrit le camp de représailles (mille juifs destinés à être déportés), divisé en quatre, où ils ne sont soumis qu’à deux appels par jours et aucun travail forcé. Les conditions de vie sont précaires. L’activité d’échanges intellectuels est le seul palliatif à l’oisiveté. La surveillance du camp des juifs est renforcée par les Allemands, ce qui entraîne une dégradation des conditions de vie aggravée par la rudesse de l’hiver. Son état physique déplorable le mène à l’infirmerie du camp des Russes. Il est libéré le 13 mars 1942 et retrouve sa famille. « Privés de toutes relations avec l’extérieur, privés de livres et dans des conditions matérielles où aucun travail intellectuel ne nous était possible, si nous nous échappâmes à l’ennui, au découragement, au cafard, nous le dûmes à ce commerce quotidien et continuel avec des hommes dont presque tous avaient quelque chose à apporter aux autres. La plupart étaient au terme ou au milieu d’une carrière bien remplie. La plupart avaient donné beaucoup d’eux-mêmes, de leur temps, de leurs dons, de leur cœur à la communauté française. Ils continuaient à apporter quelques chose à la petite communauté française que nous formions et où presque toutes les professions étaient représentées. » (Ed. Fondation pour la Mémoire de la Shoah – Le Manuscrit)
« Le camp de la mort lente. Compiègne 1941 – 1942 » (Publication 2007).