L’affaire Leo Frank

Dossier n°

L’affaire Leo Frank

Cliché authentique du lynchage de Leo Frank. Mis en vente ensuite comme carte postale… (Photo : The Johns Hopkins University Press, EAS, D.R.)

 

1913. Venu de Brooklyn, Leo Frank a cru que son avenir allait s’épanouir en Georgie. Hélas, il s’est installé aussi dans une région où le KKKlan et l’antisémitisme se complètent dans des haines sanglantes. Aussi, lorsqu’une petite chrétienne de 13 ans, Mary Phagan, est violée et assassinée, accuse-t-on un Juif comme si c’était évident et donc indiscutable. Ce Juif, Leo Frank, employeur de la jeune fille, est alors entraîné dans une spirale infernale.

La « justice » d’alors et de là est aussi primitive qu’expéditive. Leo Frank, qui n’a évidemment jamais avoué, fort de son innocence, est néanmoins condamné à mort. Mais la veille de l’exécution, John, Slaton, gouverneur de Georgie, empêche la mise à mort. Leo Frank devrait rester en prison à vie. Aux yeux du gouverneur, il a absence de preuves fiables et plus que des doutes sur la culpabilité de l’accusé. Poussée par des forces et des intérêts racistes plus ou moins occultes, la foule crie alors vengeance. Elle veut se faire « justice » elle-même et s’empare de Leo Frank pour le lyncher sans pitié.

Leo Frank n’a été innocenté qu’en … 1986. Cette histoire est remise en mémoire et en perspective par un ouvrage tout juste sorti aux Ed. L’Harmattan.


Aux Ed. L’Harmattan, Victor Kuperminc (1) publie son dernier opus retraçant l’histoire de Leo Frank, victime – parce que Juif – d’une erreur judiciaire provoquée par le plus sudiste des racismes .

 

Extrait de la préface signée par André Kaspi, Professeur à la Sorbonne, spécialiste de la civilisation américaine :

– « Leo Frank fut la tragique victime de l’intolérance. accusé, à tort, d’avoir assassiné une très jeune employée de l’usine dont il était le directeur, il fut condamné à mort, puis gracié par le gouverneur de la Géorgie, et finalement lynché par une foule en délire. Le drame ne se déroule pas au Moyen Age, mais en 1913 et 1915. Il n’a pas pour théâtre la Russie Tsariste, ou un royaume oublié au fin fond de notre planète. Il se déroule aux Etats-Unis. Certes, d’autres pays ont connu des affaires scandaleuses. Le capitaine Dreyfus fut dégradé mais une extraordinaire campagne d’opinion le sortit de sa geôle, et, en fin de compte, il obtint sa réhabilitation. Leo Frank, le juif américain, n’a pas bénéficié de la même clémence, et pour parler sans ambages, de la même justice. »

4e de couverture :

– « Une Affaire Dreyfus aux Etats-Unis ? La terre d’asile qui accueille les rejetés, les bafoués de toutes origines, de toutes croyances est bien le dernier endroit sur terre où on s’attendait à voir l’antisémitisme prendre une part essentielle à l’une des plus graves erreurs judiciaires du siècle.

Leo Frank, accusé sans preuve du meurtre de Mary Phagan, une jeune ouvrière de l’usine dont il est le directeur, est condamné puis sa peine est commuée ; il est finalement lynché à mort par la foule d’Atlanta.

Les Américains voyaient resurgir les démons de la Guerre de Sécession. Le Nord considérait Leo Frank comme un martyr du racisme, et le Sud se vengeait de sa défaite. Et c’est à la suite de l’affaire Leo Frank que les Sudistes les plus extrémistes ressuscitèrent le KuKluxKlan, et que fut créée « l’Anti Diffamation League ».

L’affaire fut l’objet de nombreux articles, enquêtes et livres. Depuis 1915, le théâtre, le cinéma, le music-hall et la télévision se sont emparés du formidable scénario des destins tragiques de Mary Phagan et de Leo Frank.

Victor Kuperminc a traduit Les Joies du Yiddich de Leo Rosten et Le Grand Livre de la Sagesse Juive de Joseph Telushkin (Calmann Lévy, 1994 et 1999). Il est l’auteur de Idées reçues sur les Juifs (Le Cavalier Bleu, 2001). Il écrit pour différents journaux de la presse juive française. »

Note :

(1) Délégué pour Paris et la Région parisienne du Comité Français pour Yad Vashem.