Les enfants sauvés. Huit histoires de survie
Simone Veil :
– « C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai pris connaissance de l’adaptation en bande dessinée de huit témoignages d’enfants sauvés pendant la Shoah. A priori, j’étais assez méfiante vis-à-vis de cette présentation pour un ouvrage concernant un thème aussi douloureux et difficile à exprimer. »
(Préface).
Scénarios de Philippe Thirault.
Illustrations de Gabriel Ippoliti, Nathalie Ferlut, Jeanne Puchol, Jean-François Solmon, Stéphane Courvoisier, Chloé Cruchaudet, Li-An et Alberto Pagliaro.
Ed. Delcourt, 2008, 72 p.
L. Gianati :
– « Ils se prénomment Alik, Alisa ou Rachel, avaient tous une dizaine d’années pendant la seconde guerre mondiale et ont survécu à la Shoah. A travers huit témoignages, ils racontent comment ils ont pu échapper à l’horreur, leur départ à l’étranger mais aussi le déchirement de laisser familles et amis entre les mains de l’ennemi.
Les enfants sauvés recueillent ces quelques histoires, poignantes, mises en images par huit auteurs différents. (…)
Les enfants sauvés parle avant tout de vie, d’espoir et de solidarité, présente des récits qui mélangent habilement l’atrocité et la douceur, la misanthropie et la fraternité. Il met en scène des gamins, traqués par les nazis, devant trouver refuge auprès de la population locale afin d’échapper à la déportation. Un docteur anesthésiant des bébés pour qu’ils ne fassent pas de bruit lors des contrôles, une famille juive se faisant passer pour catholique afin de passer la frontière, un gamin sauvé d’une rafle grâce à un copain qui lui avait dérobé son étoile jaune.
Chaque histoire, si semblable et différente à la fois, commence par une petite biographie, accompagnée d’une photo de l’enfant. Ainsi, malgré le peu de pages consacrées à chaque tranche de vie, un rapport privilégié s’est installé entre le narrateur et le lecteur, un instant de communion et de partage.
Choisir huit dessinateurs permet de ne pas ressentir de lassitude vis à vis d’un même thème, mais aussi de renforcer l’indépendance de chaque témoignage. Le trait réaliste de Jeanne Puchol suit celui beaucoup plus naïf de Nathalie Ferlut. Un peu plus loin, le coup de crayon de Stéphane Courvoisier, agrémenté de couleurs tendant vers le violet et le mauve, met en scène le destin tragique d’une mère et de sa fille. Chaque auteur apporte sa propre personnalité, son propre style, comme autant de regards différents. »
(bdgest’, 24 novembre 2008)
Ed. Delcourt (DR).
Benoît Richard :
– « C’est Philippe Thirault qui a scénarisé les témoignages de ces 8 personnes, de ces 8 enfants juifs qui ont vécu la guerre et qui ont survécu grâce à la détermination et au courage de non-juifs. Au dessin, on retrouve des auteurs pas forcément très connus (Gabriel Ippoliti, An, Chloé Cruchaudet…) mais dont le graphisme affirmé et très doux donne un résultat vraiment concluant, très accessible et vraiment cohérent.
On l’a dit, ce collectif en bande dessinée a également une vocation pédagogique, c’est pourquoi on appréciera (en plus de la préface de Simone Veil et Tomi Ungerer) le dossier et les références qui figurent à la fin du livre avec de nombreuses informations sur le sort de enfants juifs pendant et après la Shoah ainsi que des information sur l’association Yad Layeled France qui est en partie à l’initiative du projet.Bref, en plus d’être une bande dessinée globalement plutôt réussie, “Les enfants sauvés” est une oeuvre précieuse qui viendra, espérons-le, enrichir bon nombre de CDI de collèges et de lycées de France et d’ailleurs. »
(Benzine Magazine)
Laure Garcia :
– « 1,5 million d’enfants ont péri dans la Shoah, déportés de l’Europe entière. Heureusement, ils ont aussi été nombreux à être cachés, quitte à ne retrouver ensuite aucun membre de leur famille ou à ne pas reconnaître les survivants.
Un livre poignant raconte en dessins des témoignages de ces enfances gâchées, de ces vies d’adulte si difficiles à construire… «Les Enfants sauvés» (Delcourt, 72 p., 14,95 euros) ou «Huit Histoires de survie», un collectif scénarisé par Philippe Thirault, traverse la France, les Pays-Bas, Salonique et la Pologne : les récits sont accompagnés d’un dossier de l’historienne Katy Hazan et préfacés par Simone Veil et Tomi Ungerer, l’artiste alsacien qui a fondé son art sur le traumatisme de l’Occupation. »
(Nouvel Observateur, 4 décembre 2008).
Page signée Stéphane Courvoisier (Ed. Delcourt / DR).
Adeline Fleury :
– « D’abord, il y a cette fillette recluse et confinée au silence dans une ferme du Béarn. Pas dans une cave, mais dans une bibliothèque. Quoi faire pour tenir et ne pas risquer d’attirer l’attention? C’est que la petite fille est juive et qu’en ces temps mouvementés – nous sommes en 1943 -, il vaut mieux vivre caché. Heureusement il y a les livres, des montagnes de livres. Balzac, Dumas, Hugo, de quoi transformer un quotidien douloureux en aventure culturelle et intellectuelle.
Et puis il y a ce petit Parisien de six ans. Les lois vichystes imposent le port de l’étoile jaune. Ses amis non juifs inconscients de la signification de l’insigne brodé sur la poitrine le jalousent, l’un d’entre eux lui arrache pour le lui dérober. Un geste qui évitera à l’enfant juif d’être raflé.
Mais il y a plus dur. Comme cette Polonaise de cinq ans qui voit un officier SS abattre de sang froid sa mère. C’est cela les Enfants sauvés, une BD signée par un collectif de dessinateurs et constituée de huit histoires vraies rendant hommage à la fois au courage des Justes et de ces enfants séparés de leurs parents par l’Histoire. »
(JDD, 4 novembre 2008).