Les Justes du pays bellegardien : au secours des enfants juifs

Accueil/La vie du Comité/Actualités/Actualités des régions/Les Justes du pays bellegardien : au secours des enfants juifs

Dossier n°

8374

Les Justes du pays bellegardien : au secours des enfants juifs


Témoignages émouvants d’une enfant cachée et de femmes ayant aidé des juifs. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, des anonymes ont sauvé des juifs de la déportation. Ainsi, dans l’Ain, des enfants ont été cachés au sein de familles ou d’organismes. En cette journée de la mémoire de l’Holocauste, Henni et ses sauveteurs témoignent pour la première fois.

Henni à Genissiat en 1943
Ils n’étaient pas censés se rencontrer, mais la guerre a mêlé leurs destins à tout jamais. Janvier 1943, Henni a 12 ans lorsqu’elle découvre Génissiat dans l’Ain. Durant deux ans, la petite juive connaîtra la sécurité d’un foyer aimant et protecteur auprès d’une famille de gens modestes : les Voirin. Le directeur de la Cimade, une association protestante et le pasteur Liotard de Bellegarde, ont organisé sa fuite du camp de Risevaltes puis ont contacté et convaincu Jean et Emma Voirin d’accueillir la fillette. “Le pasteur m’a accompagnée jusqu’à Génissiat en train et m’a laissée sur le quai. Là, j’ai découvert des gens très chaleureux”, raconte Henni aujourd’hui âgée de 82 ans. Comme elle, à quelques kilomètres de Génissiat, un groupe de garçons juifs, de 7 à 15 ans, vient d’échapper aux grandes rafles de Lyon et a trouvé refuge dans une colonie de vacances : la colonie du Pré Jeantet à Châtillon-en-Michaille. Tous les étés, des petits juifs seront cachés là. Simone Famy et Antoinette Bechard y ont été monitrices. Toutes deux se souviennent de la détresse éprouvée face à eux. “Beaucoup de ces gosses avaient perdu leurs parents. Souvent ils pleuraient, on faisait ce qu’on pouvait pour les réconforter“, raconte Simone.

Un quotidien de clandestin

La petite Henni s’accoutume rapidement à sa nouvelle vie malgré l’absence de ses parents. Elle prend part aux activités du centre social le jeudi et devient très amie avec la dernière enfant des Voirin, Lucette. “À l’école, je passais pour une réfugiée du nord qui avait perdu ses parents et qui était hébergée dans sa lointaine famille. Mais les habitants de Génissiat n’étaient pas dupes !”, confie-t-elle.

À Châtillon-en-Michaille, on tente également de garder le secret sur la présence de petits juifs. Loin d’être aussi paisibles qu’Henni, beaucoup des jeunes de la colonie rêvent de venger leurs parents.

“Ils volaient des couteaux. Certains voulaient aller tuer tous les Allemands !”, raconte Antoinette. Lorsque la vieille dame raconte certaines scènes de cette période, sa voix tremble, l’émotion est encore présente. La peur, elle l’a bien connue. “Lorsqu’il y avait des ravitaillements ou des contrôles, on réunissait les enfants les plus à risque et on partait se cacher dans une grange dans la montagne. Là, on attendait dans le foin que ce soit fini. Je me cachais avec eux et les rassurais. Un jour, au cours d’une balade, j’ai eu une grande frayeur : un Allemand armé d’un fusil venait à notre rencontre. J’ai réuni les enfants et je les ai sommés de rester polis. Certains ont salué le soldat mais une fois le dos tourné, ils ont craché par terre !”

Une vie à reconstruire

La vie d’enfant cachée d’Henni prend fin en octobre 1944, avec la venue de sa mère. “Elle a frappé à la porte, c’est moi qui ai ouvert. Elle a demandé où étaient les Voirin, elle ne m’avait pas reconnue.” Pour l’adolescente, l’aventure s’achève. De retour à Paris, la maman et sa fille retrouvent leur appartement occupé et leurs affaires volées. La vie continue malgré tout, le père d’Henni rentre miraculeusement du sud de la France où il avait trouvé refuge. Un miraculé parmi des millions d’innocents assassinés. “À l’exception de mes parents, toute ma famille a été déportée, je n’ai plus d’oncles, de tantes ou de cousins”, révèle-t-elle. En revanche, elle a trouvé une deuxième famille auprès des Voirin, même si au fil des ans, les liens se sont un peu estompés. À la fin des années 1990, elle engage une procédure pour faire reconnaître Emma et Jean comme Justes. Ils le deviennent en 1999. “Ils étaient méritants! Ils avaient pris de gros risques : cacher un enfant juif était passible de la déportation.“

Simone et Antoinette quant à elles, n’ont pas revu les enfants qu’elles avaient contribué à cacher et n’ont reçu aucune médaille pour leurs actions. Elles ont rarement évoqué ces sombres épisodes de leur vie. Comme la plupart des Justes, toutes deux minimisent leur rôle joué pendant la Seconde Guerre mondiale. “Je n’ai pas fait grand-chose, il fallait bien aider”, ne cesse de commenter Simone. Et pourtant, combien sont-ils à avoir pris le risque de cacher ou aider des juifs ? Une poignée. Au 1 er janvier 2012, 24 356 Justes parmi les nations de 41 pays ont été honorés, 3 513 en France.

source: http://www.ledauphine.com/ain/2013/01/26/les-justes-du-pays-bellegardien-au-secours-des-enfants-juifs#jimage=EF77F658-47EA-4B20-AFE1-F451A9D1148F du 237/01/2013

Antoinette Bechard

Simone Famy

1940-le pont du tram, c'était alors la ligne de démarcation avec la zone occupée

Contact Info

6 avenue de la Motte-Picquet 75007 Paris

Téléphone: 01 47 20 99 57

Web: https://yadvashem-france.org

Articles récents