Médaille et diplôme de « Justes parmi les Nations »
Du 16/01/2017
Les Vicois Marie et Casimir Garette et Lucie et Ferdinand Durban ont été désignés Justes parmi les Nations à titre posthume, hier.Durant le deuxième conflit mondial, ils avaient caché une famille de juifs. Et aucun des habitants de la commune ne les avait dénoncés.
Raphaël Schreiber n’a pas oublié : sans Marie et Casimir Garette, sans Lucie et Ferdinand Durban, sans tous les habitants de Vic, sa vie et celle de ses trois frères et sœur Joseph, Benjamin et Myriam, de sa mère Fanny et de ses grands-parents Léon et Sarah aurait tourné à l’horreur. Juifs réfugiés à Vic Fezensac dès décembre 1942, ils ont été sauvés grâce à Marie et Casimir Garette, Lucie et Ferdinand Durban, qui les cachaient lorsque l’alerte était donnée, que la milice rôdait. Grâce aussi au silence des Vicois. «Vicois d’aujourd’hui, soyez fiers de vos parents», a déclaré Raphaël Schreiber, hier. Le couple Garette et le couple Durban ont été faits Justes parmi les Nations, la plus haute distinction civile de l’État d’Israël, à la demande de la famille Schreiber. Autour des trois familles – Schreiber, Garette et Durban – de nombreuses personnalités politiques, civiles, militaires et associatives, avaient tenu à être présentes.
Des «héros anonymes»
Le maire Michel Espié a souligné : «Nous conservons à l’égard des familles Garette et Durban une dette indescriptible. Quand la règle devient illégitime, il est légitime de la transgresser.» «Dans l’obscurantisme qui a envahi l’Europe, des petites étincelles d’espoir se sont allumées, s’est réjouit Anita Mazor, ministre auprès de l’Ambassade d’Israël en France pour la région sud. Des héros anonymes ont agi et fait le choix de la solidarité.» «Héros anonymes», l’expression est d’ailleurs revenue à de nombreuses reprises, dans la bouche du secrétaire général de la préfecture Guy Fitzer, de la députée Gisèle Biémouret ou encore du conseiller départemental Robert Frairet. «Quand la majorité gardait le silence, quand d’autres collaboraient, des personnes non-juives décidèrent de sauver des juifs au péril de leur vie», s’est félicité Pierre Osowiechi, vice-président du comité français pour Yad Vashem. Non sans questionner le présent : «Les juifs de France, à l’instar des chrétiens d’Orient et de bien d’autres, auront-ils encore besoin de Justes parmi les nations, au XXIè siècle ?» La jeune génération a d’ailleurs été associée à cette cérémonie : les conseillers municipaux jeunes Lorine et Titouan ont lu les touchants poèmes «Le badge» et «Les Justes.»
Les noms de Lucie et Ferdinand Durban et Marie et Casimir Garette seront gravés sur le mur d’honneur du jardin des Justes parmi les Nations à Yad Vashem, à Jérusalem ainsi qu’au mémorial de la Shoah, à Paris. Ils rejoignent 29 autres Gersois, eux aussi Justes parmi les Nations.
«Le cœur sur la main»
«Mes grands-parents, ils étaient très gentils avec tout le monde… Ils avaient le cœur sur la main, se souvient Pierre Escoubet, petit-fils de Marie et Casimir Garette. Je remercie mes grands-parents pour les valeurs morales qu’ils nous ont inculquées.»
Jean-Pierre Durban, petit-fils de Lucie et Ferdinand, témoigne : «Ferdinand était un Gascon au caractère bien trempé. Sur sa barque, il avait sauvé plusieurs Vicois des inondations. Lucie, ma grand-mère, était plus effacée, mais elle avait un grand cœur.»
«On ne se rend pas bien compte, aujourd’hui, du danger qu’ils ont encouru, le remercie encore Raphaël Schreiber. En nous cachant, ils ont dû trembler pour leur propre famille».
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