Meuse : la médaille des « Justes parmi les Nations » à titre posthume

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Dossier n°

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Meuse : la médaille des « Justes parmi les Nations » à titre posthume

Yad Vashem a attribué, hier, à titre posthume, la médaille des « Justes parmi les Nations » à René, Fernande et Louis Bernard. Le 3e insigne délivré à des habitants de Longeville-en-Barrois, un village du Sud meusien

Bar-le-Duc. Certes, les films, livres, reportages et autres documents consacrés aux exactions perpétrées contre la communauté juive durant la Seconde Guerre mondiale génèrent toujours effroi, indignation, révolte… Mais lorsque des descendants directs de ces martyrs livrent leurs témoignages bouleversants, le regard embué et la voix tremblante, l’horreur et les souvenirs sont à leur paroxysme.

« Juin 40, il fait très chaud. C’est l’exode. Une voiture surchargée s’arrête devant une maison en Creuse. A l’intérieur, un couple, une jeune femme et son bébé sont exténués. La jeune fille de la maison court chercher du lait et fait boire l’enfant… La voiture était le taxi de mon grand-père, la jeune fille a aujourd’hui 87 ans, la jeune femme était ma mère et je suis cet enfant. Ainsi commença l’odyssée de mon sauvetage qui me permet d’être devant vous aujourd’hui ».

C’est par ses mots poignants que Pierre Osowiechi, vice-président du comité français pour Yad Vashem débute son propos à l’occasion de la remise, à titre posthume, de la médaille des Justes parmi les Nations à René, Fernande et Louise Bernard, une famille de Longeville-en-Barrois (Meuse) qui a porté secours à Roger Gerschel. Après qu’il a sauté d’un train, le convoi 62, le menant à Auschwitz, suite à son arrestation par la Gestapo.

« C’est avec courage et au péril de leur vie que René, Fernande et Louise Bernard ont recueilli, le 20 novembre 1943, Roger Gerschel, dont le fils Jean-Claude et la fille Brigitte, sont ici présents. Ils l’ont aidé à échapper aux nazis. Leurs noms seront désormais gravés sur le mur d’honneur du Jardin des Justes du musée Yad Vashem à Jérusalem, ainsi qu’au Panthéon à Paris », raconte, avec émotion, Danielle Bouvier, le premier magistrat de Longeville-en-Barrois, devant une assistance nombreuse réunie à la mairie du village. Ajoutant avec fierté que « Yad Vashem honore pour la 3e fois des habitants de Longeville, après les époux Schoellen en 1994 et Domice en 2008 ».

Bientôt une 4e médaille

Et avant un 4e dossier annoncé par le représentant du comité français pour Yad Vashem, qui sera présenté prochainement pour Lucien Bernard, le frère de René, venu en aide également à Roger Gerschel.

« Quand mon père a été accueilli par René Bernard, son épouse Fernande et sa mère Louise, un Allemand vivait au rez-de-chaussée. Le lendemain, pour ne pas mettre en danger ses sauveurs, mon père a été accueilli par le frère de René, Lucien Bernard ». Manifestement ému à l’extrême, Jean-Claude Gerschel, entouré de son épouse, sa sœur et ses petits enfants, salue donc cette famille meusienne, qui, en ce soir du 20 novembre 1943, a offert gîte et couvert à son père lors de sa première nuit d’évasion. « Mon père n’a jamais oublié ce festin. » Saluant aussi la présence de « Claudine, la fille de Lucien ».

Juste avant cette intervention poignante, c’est Jean-Paul Bernard, le fils des médaillés à titre posthume qui formule « un message d’espérance pour que les générations futures ne vivent plus jamais cela », mettant également à l’honneur « tous ceux qui ont œuvré pour mettre en place une vraie chaîne de solidarité lors de ces évasions du convoi 62 ». Une prise de parole, encore une fois émouvante, en présence d’anciens combattants, porte-drapeaux, élus, sous-préfète, Jean-Paul Bernard venant juste de recevoir la médaille au nom de ses parents et grand-mère. Un insigne, remis par Arie Avidor, ministre aux Affaires économiques et scientifiques près l’ambassade d’Israël à Paris. Lequel n’a pas manqué de rappeler une devise qui figure sur la médaille des Justes : « Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier. »

A ce jour plus de 24.500 « Justes parmi les Nations » ont été recensés dans le Monde. Dont 15 dans la Meuse

Martine SCHOENSTEIN


source: http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/03/16/temoignages-bouleversants#jimage=3C7DB604-AF50-4B63-A662-254D7ACD2BC3 du 16/03/2013