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Dossier n°

5391

 » Mon père ne se disait pas résistant  »

Publié le 09/06/2013

 

 

 

 

 

Jean-Marie et Suzanne Buron, instituteurs à Angé, ont sauvé des Juifs.
A l’heure hier de l’inauguration, Michel Buron n’a pas pu masquer son émotion. L’une des expositions d’Angé est en effet entièrement consacrée à l’histoire de ses parents, Jean-Marie et Suzanne Buron, reconnus Justes parmi les Nations en 1994, pour avoir aidé des Juifs pendant l’Occupation.
« Je n’avais qu’une dizaine d’années à l’époque, et c’est bien plus tard que j’ai compris le sens de certaines choses, témoigne Michel Buron, mais mon père lui, disait toujours qu’il n’avait rien d’un héros, qu’il ne se voyait pas comme résistant ! »
Les Buron couraient pourtant les mêmes risques que ceux qui avaient pris le maquis, armes à la main : l’arrestation et la déportation.
En 1942, Maurice van Kote, un réfugié habitant une masure à Angé avec sa famille depuis quelques mois, confie son lourd secret au secrétaire de mairie et instituteur. Juifs parisiens, ils ont tenté sans succès de franchir la ligne de démarcation, et ont échoué là, avec leurs deux jeunes enfants, que la malnutrition menace.
Jean-Marie Buron prend la famille sous son aile, fournit des cartes d’alimentation, et scolarise les deux garçons. A la fin de la guerre, Francis et Gilbert seront hébergés pendant plus d’un an chez les Buron, le temps que leurs parents à Paris organisent le retour de la famille.
Hier, devant la porte du logement de fonction de l’école d’Angé, Michel Buron se souvenait que son père avait installé le secrétariat de mairie dans le couloir. « Il prétextait que son bureau à l’étage de la mairie était difficile d’accès, mais je crois que c’est surtout qu’il était plus tranquille là, pour les papiers qu’il pouvait fournir aux familles dans le besoin, mais aussi aux jeunes qui voulaient échapper au STO. »
Y avait-il eu dénonciation ? Un jour, un inspecteur vint vérifier que l’école était conforme aux lois de Vichy. Il manquait le portrait du maréchal Pétain dans la classe, et les enfants ne savaient pas les paroles de « Maréchal, nous voilà »… «Heureusement, cet inspecteur a laissé le temps à mon père de réparer ces «  oublis  » avant de faire son rapport. » Pour les enfants van Kote, les Buron étaient bien des héros. La distinction de Justes parmi les Nations, décernée à titre posthume, l’a confirmé pour tous.

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