Pendant la guerre, les époux Ménard ont caché des juifs, à Mauves-sur-Huisne
Du 29/04/2019
Les descendants des familles Ménard et Nadebrick étaient présents à cet hommage. (©Le Perche)
Madeleine et Roger Ménard, anciens instituteurs à Mauves-sur-Huisne, avaient caché, durant la Seconde Guerre mondiale, des personnes de confession juive.
Émouvante cérémonie,samedi 27 avril 2019 devant la mairie de Mauves-sur-Huisne (Orne), où un hommage était rendu à Madeleine et Roger Ménard.
Ces anciens instituteurs du village ont été reconnus « Justes parmi les nations » le 25 décembre 1995.
Ils avaient
caché, durant la Seconde Guerre mondiale, des personnes de confession juive.
En présence du sous-préfet Olivier Bitz, des élus locaux, de Patrick Barone (représentant le Comité français pour Yad Vashem), et des descendants des époux Ménard et des personnes qui furent cachées, une plaque a été dévoilée sur le mur de la mairie.
Un logement au-dessus de la mairie
Les époux Ménard occupaient, dans les années 40, le logement situé au premier étage de cette dernière.
Trois gerbes de fleurs ont été déposées, avant une minute de silence suivie de l’hymne national repris a cappella. Quatre élèves de l’école de Mauves-sur-Huisne ont lu des textes de Paul Rosenberg et Simone Veil.
Une plaque a été dévoilée, samedi 27 avril 2019. (©Le Perche )
Serge Ferrand, 88 ans, cousin du Dr Nabedrick, réfugié à Mauves grâce aux époux Ménard, et ancien élève de Roger Ménard, a évoqué avec beaucoup d’émotion la période 42 – 44.
Je me retrouve ici avec Michel Ménard, après 75 ans d’absence, et c’est une grande émotion pour moi. Les époux Ménard nous ont procuré de vraies fausses cartes d’alimentation et de vrais faux papiers indispensables à notre survie. Ils n’ont pas hésité à risquer leur vie et leur liberté pour nous venir en aide.
Le maire, Jean-Pierre Rocton, a retracé l’histoire des époux Ménard, « pour comprendre la bravoure dont ils ont fait preuve, il faut se replonger plus de 75 ans en arrière. »
Faux papiers et cartes d’alimentation
Roger et Madeleine Ménard étaient tous deux instituteurs à l’école du village, et, comme c’était souvent le cas, l’instituteur était également le secrétaire de mairie.
En 1942, le Dr Nabedrick, un jeune dentiste juif, arriva au village avec sa femme et leur toute petite fille.
Il cherchait un asile, mais aussi un endroit où il pourrait exercer son métier.
Conformément à la loi, il alla se faire enregistrer à la mairie. Il espérait obtenir des papiers sans la mention « juif » qui lui rendrait impossible l’exercice de sa profession.
Roger Ménard lui remit de faux papiers et le dentiste ouvrit un cabinet.
Seul Roger et sa femme savaient qu’il était juif.
Mentir à tout le monde, pour protéger
Ils avaient dit à tout le monde que les nouveaux venus étaient des membres de leur famille. Qu’ils avaient dû quitter leur domicile sur la côte bretonne parce que les Allemands y construisaient des fortifications.
Cet été-là, le père du dentiste, resté à Paris, fut arrêté puis déporté en Allemagne. Sa mère se retrouva seule. Il fut alors décidé que toute la famille viendrait se réfugier à Mauves-sur-Huisne.
Roger et Madeleine Ménard, et leurs enfants. (©Site Yad Vashem)
L’un des deux cousins, Serge Ferrand, qui avait alors onze ans, témoigna après la guerre qu’il avait fréquenté l’école communale pendant deux ans, jusqu’à la Libération.
Les Ménard avaient procuré à tout le monde des faux papiers et des cartes d’alimentation – à l’insu du maire, « collaborateur notoire. »
Lorsque les gendarmes commencèrent à poser des questions, les Ménard s’en tinrent à leur version habituelle.
Quelqu’un dénonça pourtant le dentiste, l’accusant d’exercer sans permis.
Il « disparut » alors, se cachant dans le grenier des Ménard où il vécut jusqu’à la fin de l’Occupation.
C’est alors qu’il apprit que Roger et Madeleine faisaient également partie de la Résistance, et qu’ils avaient risqué leur vie pour les sauver.