Vendôme est au cœur d’une très vive controverse suite à la décision de la municipalité de reporter une cérémonie en hommage à deux Justes qui avaient sauvé trois enfants juifs pendant l’Occupation. Face à l’émoi suscité, la mairie a finalement décidé de maintenir l’évènement.
C’est une information révélée par Le Point samedi 12 avril 2025. Dans un article publié en ligne, le magazine dévoile que la municipalité de Vendôme a pris la décision de reporter après les élections municipales de mars 2026 une cérémonie prévue le 28 mai 2025 en l’honneur de Jean et Jeanne Philippeau, un couple originaire la ville et récemment reconnu « Justes parmi les Nations » à titre posthume.
Sous l’Occupation, ils avaient caché trois enfants juifs, Arlette Testyler-Reimann – aujourd’hui présidente de l’Union des déportés d’Auschwitz – sa sœur, Madeleine, et Simon Windland, les sauvant assurément de la déportation vers les camps de la mort.
Pour justifier sa décision, la mairie, dirigée par Laurent Brillard (UDI), a avancé plusieurs raisons parmi lesquelles, « la proximité des élections locales, qui risque de limiter la pleine mobilisation de la municipalité et de la population locale autour de cet événement majeur, et le contexte géopolitique actuel, marqué par le conflit opposant l’État d’Israël et le Hamas, qui suscite des sensibilités particulières au sein de nos différentes communautés« .
Un torrent de réactions
Cette décision, inédite pour une municipalité en France, a suscité une vive émotion et provoqué un torrent de réactions sur les réseaux sociaux et dans le monde politique. Côté local, le secrétaire fédéral du PS du Loir-et-Cher, Christophe Chapuis, s’est fendu d’une lettre ouverte à destination du maire dans laquelle il a dénoncé « une décision lâche » et « prise en petit comité ».
En cette période incertaine où les tensions nationales et internationales se multiplient, un élu de la République se doit de montrer l’exemple et de rappeler que notre société dans toute sa diversité partage une histoire commune et écrit un destin commun.
Extrait Communiqué du PS du Loir-et-Cher
Dans une longue publication Facebook, l’ancien maire de Vendôme, Pascal Brindeau, s’est lui aussi indigné de la « pauvreté intellectuelle de l’argumentaire » pointant « la dangerosité des sous-entendus évoquant le contexte international et les amalgames qui pourrait être fait par « des communautés.« ».
Il ajoute : « En plus de réduire nos compatriotes musulmans à une communauté qui serait antisémite et donc rapporterait la cérémonie d’hommage à des Vendômois qui ont caché des juifs à l’affirmation d’une position dans le conflit entre Israël et le Hamas, c’est insulter la capacité des femmes et hommes qui vivent pleinement intégrés à notre ville à ne pas mélanger l’histoire et le présent. »
Mais la polémique a dépassé la sphère locale, en témoignent les réactions sur les réseaux sociaux de personnalités politiques nationales tels que l’avocat et ancien député d’extrême droite, Gilbert Collard, ou même la ministre en charge de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé.
La mairie revient sur sa décision
Face à l’ampleur prise par la controverse, la municipalité de Vendôme a, semble-t-il, décidé de retropédaler. Dans un communiqué adressé à la presse le 13 avril 2025, elle « réaffirme sans ambiguïté son engagement pour cette cérémonie » et déclare qu’une réunion se tiendra le 22 avril, en accord avec le délégué régional du Comité français de Yad Vashem et la Sous-préfecture, « pour définir les modalités de son organisation ».
/regions/2025/04/14/024-297532-67fd0e8519565846364505.jpg)
Une décision saluée par le Comité français Yad Vashem : « Nous remercions Monsieur le maire et l’ensemble des élus d’avoir finalement affirmé leur soutien à cette célébration après des échanges regrettables de la part des services communaux qui laissaient entendre une volonté contraire. Cette distinction qui honore des actes de bravoure exceptionnels et malheureusement trop rares à l’époque de la persécution des juifs, mérite plus que jamais dans le contexte tourmenté que nous vivons d’être célébrée. »