Rémy Dumoncel, le maire d’Avon qui force l’admiration
Rémy dumoncel
A l’occasion du 65e anniversaire de son arrestation, le 4 mai 1944, il est nécessaire de rappeler l’histoire de Rémy Dumoncel.
Le 4 mai 1944, à 18h30, Rémy Dumoncel descend du train qui le ramène de Paris où il travaille comme éditeur. Il a été prévenu par téléphone qu’Aristide Roux, Etienne Chalut-Natal et Charles Ziegler, adjoints au maire et interprète de la mairie, ont été arrêtés dans la journée. Pourtant, il a décidé de rentrer pour, dit-il, dans le wagon, à une personne de connaissance, « accompagner dans leur captivité ses subordonnés de la Mairie ». Dès qu’il pose le pied sur le quai de la gare d’Avon, il est arrêté par la gestapo.
Ce 4 mai 1944, une dénonciation précise – avoir favorisé la désertion d’un soldat de l’armée allemande – semble être l’occasion saisie par l’occupant pour arrêter une personnalité gênante depuis longtemps. Emprisonnés d’abord à la prison de Fontainebleau, Rémy Dumoncel, Aristide Roux, Etienne Chalut-Natal et Charles Ziegler sont transférés à Compiègne puis déportés en Allemagne, (au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg pour trois d’entre eux). Aucun n’a survécu au régime des camps.
Avant lui d’autres membres de l’équipe municipale avaient déjà été arrêtés puis déportés, Léon Guéneau, responsable de la cantine scolaire, le 3 mai 1943, Paul Mathéry, le secrétaire de mairie qui faisait les faux papiers, le 15 janvier 1944, et Lucien Canus, responsable du ravitaillement à la mairie, le 29 février 1944.
Le Père Jacques, directeur du petit collège des carmes, avait également été arrêté le 15 janvier 1944 ainsi que trois des enfants juifs qu’il cachait avec l’aide de la municipalité. Tous ont disparu.
Au total 23 habitants d’Avon ont été déportés (5 seulement sont revenus).
Après la Libération, sur une fiche de reconnaissance de la qualité de résistant de Rémy Dumoncel, il est signalé comme membre du réseau Vélite Thermopyles, organe de la France combattante (travaillant donc pour le gouvernement de la France libre dirigé par le général de Gaulle à Londres), avec cette mention : « M. Dumoncel a aidé de tout son pouvoir tous ceux qui se sont adressés à lui pendant l’occupation allemande. Il a fait délivrer des cartes d’identité et d’alimentation pour des jeunes gens du STO et des juifs de la Commune. Bienveillant avec tous, il a pris une large part de responsabilité depuis le début de l’occupation, jusqu’à son arrestation, le 4 mai 1944. »
Rappelons enfin que, pour leur aide aux juifs pendant l’Occupation, Rémy Dumoncel et le Père Jacques à Avon en 1985, Paul Mathéry à Paris en 2003, ont reçu, à titre posthume, la médaille des Justes.
Comme chaque année le dernier dimanche d’avril, le 26 avril prochain sera la journée nationale du souvenir des déportés.
Une cérémonie aura lieu à 10h30 à l’Hôtel de ville puis sur la tombe du Père Jacques, suivie de l’inauguration d’une plaque sur le mur extérieur du couvent des carmes (pour rappeler l’arrestation du Père Jacques et des trois enfants juifs), enfin au monument aux morts dans le cimetière d’Avon. A 14h30, le Souvenir français organise, à la Maison dans la Vallée, la projection du documentaire « Les enfants du Père Jacques », complément historique au film de Louis Malle, « Au revoir les enfants ».
Article lié au Dossier 3100