« Sans Aristide de Sousa Mendes… »
(Ph. J-P Gauzi / BCFYV / DR).
– « Aristides de Sousa Mendes, consul général du Portugal à Bordeaux en juin 1940, a accompli à lui tout seul l’une des plus grandes actions de sauvetage pendant la Seconde Guerre mondiale : 30 000 visas, délivrés en moins de 10 jours, malgré les ordres formels qu’il avait reçus de Salazar et qui lui interdisaient d’ouvrir les portes du Portugal, alors zone neutre. Du 17 au 21 juin 1940, il a distribué des visas et des faux passeports à tous ceux qui lui en ont fait la demande, sans distinction de race, de nationalité, de religion ou de conviction politique.
Parmi les personnes qu’il a sauvées, on compte 10 000 Juifs, français et européens, mais aussi des Républicains espagnols, des opposants au nazisme, des responsables politiques, notamment une grande partie des gouvernements européens qui ont pu s’exiler à Londres (notamment le gouvernement polonais) ou rester au Portugal (comme le gouvernement belge par exemple).
Traduit en juillet 1940 devant le Conseil de discipline, Aristides de Sousa Mendes est condamné en octobre 1940, rétrogradé, démis de ses fonctions ; il meurt en 1954, pauvre et oublié de tous. Il ne sera réhabilité par le Portugal qu’à titre posthume, en 1988. Auparavant, il avait été reconnu comme Juste parmi les Nations en 1966 par l’Institut Yad Vashem, ce titre étant discerné aux personnes ayant sauvé au péril de leur vie des Juifs persécutés.
A l’initiative du comité national français en hommage à Aristides de Sousa Mendes (http://www.sousamndes.org/), un voyage à Paris et à Bordeaux réunissant les descendants d’Aristides de Sousa Mendes et les descendants des personnes qu’il a sauvées, eut lieu du 21 juin au 26 juin 2010, afin de commémorer le 70 ème anniversaire de l’action de Sousa Mendes.
L’un des temps forts de ce voyage fut la visite du Panthéon par la délégation qui, à l’invitation du Comité Français pour Yad Vashem et de son président M. Paul Schaffer, se recueillit devant la plaque en hommage aux Justes de France gravée dans la crypte du Panthéon.
Cette plaque avait été apposée en 2007, à la suite d’une cérémonie nationale en présence de Jacques Chirac, alors président de la République française et de Simone Veil, présidente d’honneur de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, qui avait été à l’origine de cette initiative, permettant la reconnaissance du rôle des Justes dans le lieu symbolique de la reconnaissance des valeurs de la République, où sont rassemblés les grands hommes qui ont marqué l’histoire de France.
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, 6 millions de Juifs, de 21 pays d’Europe sous domination nazie, furent exterminés. En France, 76.000 juifs, dont 11. 000 enfants, furent déportés. Seuls 2.550 revinrent ; aucun enfant ne se trouvait parmi eux. Toutefois, les trois quart des Juifs, en France, ont eu la vie sauve. Ceux qui ont survécu le doivent souvent à des hommes et des femmes, non juifs, qui n’écoutant que leur conscience, les cachèrent, les protégèrent et les sauvèrent ainsi de la mort. Célèbres ou anonymes, de tous âges et de toutes origines, de toutes appartenances religieuses et politiques et de tous milieux sociaux, ces hommes et ces femmes d’honneur avaient pour dénominateur commun le respect des valeurs morales, le rejet du fascisme et le courage d’agir malgré les risques encourus.
Le Comité Français pour Yad Vashem est une association française régie par la loi de 1901, fondée en 1989. Constituée presque exclusivement de bénévoles, il est chargé de faire connaître et d’honorer les Justes parmi les Nations de France et de soutenir le Mémorial de Yad Vashem de Jérusalem dans sa mission de mémoire et d’enseignement. Ce Comité instruit les dossiers des Justes qui lui sont soumis et les transmet à Yad Vashem Jérusalem, seule autorité habilitée à délivrer le titre honorifique de « Juste parmi les Nations » au nom de l’Etat d’Israël. Ce titre est la traduction de l’expression hébraïque « Hassidé Oumot Haolam », qui, dans le Talmud, était utilisée, depuis l’Antiquité, pour qualifier les non-juifs « vertueux, œuvrant avec compassion et justice ». »
(Communiqué du Comité Français pour Yad Vashem).
Aristide de Sousa Mendes, Juste parmi les Nations, lire aussi la page d’hommage parmi les reportages (DR).
– « Mardi 22 juin 2010, à l’invitation du Comité Français pour Yad Vashem, une délégation du Comité national français en hommage à Aristide de Sousa Mendes, réunissant des descendants d’Aristides de Sousa Mendes et des descendants des personnes qu’il a sauvées, s’est recueillie devant la plaque rappelant l’action des Justes de France, gravée dans la crypte du Panthéon, et a rendu hommage à l’action du Consul portugais en 1940, l’une des « lumières dans la nuit de la Shoah ».
M. Paul Schaffer a accueilli la délégation conduite par le Président du Comité Sousa de Mendes, M. Dias et par Mme Hellen Kaufmann, en présence de plusieurs membres du Comité français pour Yad Vashem, dont M. Jean Raphael Hirsch Vice-Président, M. Jean Pierre Gauzi, Secrétaire Général, M. Charles Finel, M. Léon Borocin, M. Paul Ejchenrand , Mme Alice Tajchman, secrétaire générale de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et Mme Rachel Rimmer, chargée de la communication de la FMS, et Mme Anne-Marie Revcolevschi, Présidente du Projet Aladin et membre du Comité directeur du comité français de Yad Vashem.
Après que le Président Paul Schaffer ait rappelé les missions et la raison d’être de Yad Vashem Jérusalem et Paris, et se soit réjoui d’accueillir cette délégation, M. P. Monnet, administrateur du Panthéon, a présenté brièvement le Panthéon en retraçant son histoire depuis sa construction, achevée en 1789, jusqu’à nos jours. »
(Communiqué du Comité Français pour Yad vashem).
(Ph. J-P Gauzi / BCFYV / DR).
– « Mme AM Revcolevschi, qui fut la directrice générale de la FMS jusqu’en 2009, a expliqué la genèse de l’entrée des Justes au Panthéon en 2007 ; elle a résumé les moments forts de la cérémonie très impressionnante qui se déroula en présence du Président de la République Française , M. Jacques Chirac, de Mme Simone Veil, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, à l’initiative de cette démarche, et de très nombreuses personnalités françaises et étrangères : les discours, le film d’Agnès Varda et l’installation, dans la nef, des photographies de Justes côtoyant celles des acteurs du film. Elle a rappelé plus particulièrement les raisons qui furent à l’origine de cette initiative : contrer le négationnisme orchestré par le président iranien, combattre l’antisémitisme renaissant en France tout en refusant l’image d’une France antisémite, rappeler ainsi l’action des Justes de France dont la majorité, restée anonyme, ne pourrait jamais être formellement reconnue par Yad Vashem Jérusalem.
Quant à M. Aristide de Sousa Mendes destiné à incarner les diplomates, parmi les différentes catégories de personnes ou d’institutions qui sauvèrent les Juifs de la déportation et de la mort, elle a expliqué qu’avec Alice Tajchman, leur choix s’est porté sur le Consul portugais : consul général du Portugal à Bordeaux en juin 1940, il avait, en effet, accompli, à lui tout seul l’une des plus grandes actions de sauvetage pendant la Seconde Guerre mondiale : 30 000 visas, délivrés en moins de 10 jours, malgré les ordres formels qu’il avait reçus de Salazar et qui lui interdisaient d’ouvrir les portes du Portugal, alors zone neutre. Du 17 au 21 juin 1940, il distribua des visas et des faux passeports à tous ceux qui lui en ont fait la demande, sans distinction de race, de nationalité, de religion ou de conviction politique.
Parmi les personnes qu’il a sauvées, on comptait, 10 000 Juifs, français et européens, mais aussi des Républicains espagnols, des opposants au nazisme et des responsables politiques.
M. M.Dias, président du Comité Aristide de Sousa Mendes, a alors remercié les différentes personnalités pour leur présence et rendu hommage à Mme Simone Veil et à son inlassable combat pour la mémoire ; il a souligné l’importance de cette cérémonie pour la famille du consul et insisté sur son action exemplaire dont l’actualité doit être pour chacun un appel à la vigilance devant les tentations de la haine, du racisme, de la xénophobie. »
(Communiqué CFYV).
Devant le panneau des Justes, dépôt d’une gerbe par Lissy Jarvik et Paul Schaffer (Ph. J-P Gauzi / BCFYV / DR).
– « Puis la délégation s’est rendue dans la crypte, dans la galerie du 20e siècle.
Après que Mme Revcolevschi ait lu à haute voix le texte inscrit sur la plaque en hommage aux Justes, M. Paul Schaffer et Mme Jarvik qui, avec sa famille alors réfugiée de Hollande, avait été sauvée par M. Sousa De Mendes, ont déposé une gerbe de fleurs au pied du panneau où est relatée l’action des Justes pendant la guerre en France. Après une minute de silence, la délégation a visité la crypte avant d’aller assister à la projection d’un documentaire sur Yad Vashem.
A la suite du film, l’un des petits-fils d’Aristide de Sousa Mendes, venu du Canada, a pris la parole pour dire, au nom de la grande famille d’Aristide de Sousa Mendes qui fut contrainte à l’exil à la suite des actes de Résistance de leur grand-père, combien il se réjouit de voir qu’aujourd’hui, l’action de leur grand-père est entrée dans l’Histoire. Mme Jarvik, pour sa part, a exprimé sa reconnaissance à celui grâce auquel est doit la vie. Mme Revcolevschi a conclu, à l’instar de M. Dias, en appelant chacun à la vigilance et à la lucidité afin de ne pas se laisser entraîner par les discours de propagande et de haine dont l’actualité nous abreuve. »
(Communiqué CFYV).
Introduction aux 10 pages du témoignage confié à Yad Vashem par Lissy Jarvik (DR).
Lissy Jarvik :
– « Without Aristides de Sousa Mendes I would not be here.
It’s as simple as that.
Without Aristides de Sousa Mendes I would have suffered tortures
so grievous and so prolonged
that death would have been a welcome relief.
Without Aristides de Sousa Mendes I would have missed out
on half a century
half a century wich allowed me to breathe; to live, to love,
to mature, to marry, to have children, to study, to teach
and to help a few people individually as well as to
contribute a little bit to our knowledge base on aging and mental health.
And I would have missed out on a becoming part of a country
a counrty wich offered opportunity to
the disenfranchised, the downtrodden, the needy
to people like me. »
(26 janvier 1996).