Sœur Cecylia, religieuse polonaise et Juste parmi les nations, est décédée

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Sœur Cecylia, religieuse polonaise et Juste parmi les nations, est décédée

Du 24/11/2018

 

 

 

 

Sœur Cecylia Maria Roszak / Piotr Jantos/AFP
Elle était la religieuse la plus âgée au monde. Née en 1908, Sœur Cecylia Maria Roszak avait obtenu le titre de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé une dizaine de juifs durant la guerre.

 

La religieuse la plus âgée du monde, une dominicaine polonaise, qui avait aidé des résistants juifs à échapper aux nazis, est décédée à Cracovie à l’âge de 110 ans. Sœur Cecylia Maria Roszak avait reçu le titre de Juste parmi les Nations du monde décerné par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem.

Née en 1908 dans la région de Poznan (ouest), elle est entrée en 1929 au couvent Na Grodku à Cracovie, après avoir étudié le commerce. Elle y a prononcé ses vœux perpétuels cinq ans plus tard. En 1938, elle est envoyée avec d’autres de ses sœurs à Vilnius (à l’époque ville polonaise, aujourd’hui capitale de la Lituanie) pour participer à la fondation d’un second couvent. Cependant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale les en a empêchées.

 Mouvements clandestins sionistes

Pendant deux ans, Vilnius est sous occupation soviétique, puis sous occupation allemande après l’invasion des nazis. C’est alors que Sœur Roszak et ses sœurs, dirigées par leur supérieure, Mère Bertranda, cachent 17 membres de la résistance juive dans leur couvent, risquant ainsi leur vie. Selon le Centre mondial de la mémoire de la Shoah de Yad Vashem, les Juifs qui ont trouvé refuge dans le couvent appartenaient à des mouvements clandestins sionistes illégaux.

« Malgré l’énorme différence entre les deux groupes, des relations très étroites se sont nouées entre les religieuses chrétiennes et les juifs laïcs de gauche », indique le Centre dans une page biographique consacrée à Mère Bertranda. « Les résistants ont trouvé refuge derrière les murs du couvent ; ils ont travaillé avec les religieuses dans les champs et ont poursuivi leur activité politique. Ils ont appelé la mère supérieure du couvent Ima (mère en hébreu). »

Peu après, cette dernière a finalement quitté le couvent, reprenant son nom civil d’Anna Borkowska.

Justes parmi les Nations

En 1941, les réfugiés juifs décident de quitter le couvent pour retourner dans le ghetto juif et aider à y établir la résistance. La supérieure continua alors à les aider

« à faire passer des armes et des fournitures à l’intérieur ». En septembre 1943, Mère Bertranda est arrêtée, le couvent de Vilnius est fermé et les religieuses sont dispersées. Sœur Roszak rentree à Cracovie. Mais là encore, le couvent a été fermé et les sœurs expulsées.

Ce n’est qu’en 1947, que les dominicaines reprennent la vie communautaire au couvent Na Grodku où Sœur Roszak a exercé les fonctions de concierge, d’organiste et de chantre au fil des ans et plusieurs fois comme prieure.

Toutes les religieuses du couvent de Vilnius ont reçu la distinction de « Justes parmi les nations » décernée par le Mémorial de Yad Vashem.

Le 25 mars 2018, pour son 110e anniversaire, elle a reçu la visite de l’archevêque de Cracovie, Mgr Marek Jedraszewski. Il y a quelques années, déjà largement centenaire, elle avait confié à d’autres religieuses que « la vie est belle, mais bien trop courte ».

Anne-Bénédicte Hoffner