Témoignage de Claire Blum, enfant cachée
Marguerite Bodez née Reitz (Arch. Jean Lou Kiefer / DR).
Décès de Marguerite Bodez-Reitz
fille et petite-fille de
Justes parmi les Nations
Des USA, et via Viviane Saül, déléguée du Comité Français pour Yad Vashem, une enfant cachée, Claire Schusny-Blum a voulu saluer ici la mémoire de son amie Marguerite Bodez-Reitz.
Claire Schusny, née Blum :
– » J’ai été bouleversée d’apprendre la disparition de ma Chère Marguerite. La douleur dans mon coeur était aussi profonde que celle que j’avais ressentie lors du décès de ma propre soeur, ma chère Edith, car nous étions « soeurs de guerre ».
Mes soeurs Hélène et Marguerite sont pour toujours gravées dans mon coeur et dans mon âme, elles qui appartenaient à cette Famille Reitz que j’aime de tout coeur.
Mais la page de l’histoire n’est pas fermée, car elle continue avec notre chère Mauricette, fille de Marguerite. »
Cet hommage voulu public et auquel ce blog se devait de réserver une page, rappelle la cérémonie du 31 janvier 2008. Ce jour-là, le sauvetage de toute la famille Blum par les Reitz aboutissait à la reconnaissance de Mathilde Reitz et de son fils, René, comme Justes parmi les Nations. Ceux-ci étant décédés, leur fille et petite-fille, Marguerite, se vit confier leurs Diplôme et Médaille.
Cette synthèse du dossier Yad Vashem rappelle comment les Blum furent préservés de la Shoah :
– « Originaires de Hongrie, Fanny et Louis Blum sont arrivés en 1930 en France. Ils auront deux filles : Edith et Claire. Le père est horloger-bijoutier et loue un magasin 14 rue de l’Eglise à Montreuil-sous-Bois. Toute la famille vit dans l’appartement situé au-dessus.
En septembre 1939, le père s’enrôle dans l’armée. Il est démobilisé en 1940 alors qu’il se trouve à Bourganeuf dans la Creuse, village où il a fait des connaissances. Il rentre à Paris pour retrouver sa famille.
Son magasin est « aryanisé » en 1941. Après les premières mesures contre des juifs étrangers, Louis Blum décide de traverser la ligne de démarcation et en uniforme, pour retourner à Bourganeuf, où on lui avait promis :
– « Si les choses tournent mal, venez ici avec votre famille car il y a toujours à manger dans les fermes ».
En décembre 1941, c’est chose faite et la famille parvient à se réfugier à Bourganeuf.
Une première aide est trouvée auprès de Monsieur Baglot, le bijoutier local, puis également proposée par la famille Pénicaud.
Pour mettre Edith et Claire en sûreté, les Blum vont parvenir à les placer dans l’internat de l’école locale. Là, elles deviennent très amies avec Hélène et avec Marguerite Reitz. »
Mathilde Reitz et son fils René, tous deux Justes parmi les Nations (Arch. Jean Lou Kiefer / DR).
Suite du dossier :
– « En avril 1944, la situation s’est tendue si dangereusement que les deux sœurs sont retirées de l’école. Elles vont trouver refuge chez les Reitz, à Chignat : la grand-mère Mathilde, son fils René et les filles de celui-ci, Hélène et Marguerite. Choyées et en sécurité auprès de cette famille, elles vont y rester à l’abri jusqu’à la libération en septembre 1944. Un peu avant celle-ci, les Reitz avaient accueilli aussi chez eux les parents Blum en disant :
– « Si nous devons mourir, nous mourrons ensemble ! ».
Grâce au courage de la famille Reitz, toute la famille Blum a donc survécu et put ensuite émigrer aux Etats-Unis.
Hélène étant décédée prématurément, Marguerite Bodez-Reitz reçut la médaille et le diplôme de Justes décernés à René Reitz et à sa mère Mathilde. »
Article lié au Dossier 10876