Dossier n°

10368

Un Juste titre

Du 15/11/2013

 

 

 

 

 

Michel Alitenssi remet la médaille des Justes à Roger Cenou. (Photo C. M. )

Fernand et Aurélie Cenou étaient Boétiens durant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, la famille Lévy, pourchassée par l’antisémitisme, quitte la France occupée pour se réfugier en Agenais, alors en zone libre.

De cette date à la fin de la guerre, trois années durant, ils ont été hébergés et sauvés par la famille Cénou. Ce couple de Boétiens vient de recevoir le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume lors d’une cérémonie organisée à la mairie de Boé.

24 800 autres Justes

Leur nom sera à jamais gravé sur le mur d’honneur dans le jardin des Justes de Yad Vashem à Jérusalem avec les 24 800 autres Justes dont 3 500 Français. C’est leur petit-fils, Roger Cenou, qui a reçu le diplôme et la médaille dans son étui en bois d’olivier. Myriam 94 ans, dernière survivante de la fratrie de six enfants sauvés par les époux Cenou, et les descendants de la famille Lévy accompagnaient Roger Cenou. C’est une émotion permanente qui a entouré la salle du Conseil municipal dès le discours de Christian Dézalos, maire et conseiller général.

Entouré de Lucette Lousteau, députée ; Didier Conus, préfet ; Zvi Tal, ministre plénipotentiaire auprès de l’ambassade d’Israël et Michel Alitenssi, délégué du Comité français de Yad Vashem, le premier magistrat boétien témoignait de la force du geste accompli.

« Au cœur de l’obscurité, ils ont été une lumière brillante. Cette cérémonie est un hommage mais elle doit aussi être celle de la mémoire, du questionnement et de la conscience. » Zvi Tal insistait sur « la sauvegarde de l’honneur et de la dignité humaine. C’est une histoire qui doit être racontée car elle permet de croire en l’humanité dans ses pires moments. Jamais nous ne pourrons oublier la barbarie, jamais nous n’oublierons les Justes car, je cite le “Talmud” : Qui sauve une vie, sauve l’humanité tout entière ».

L’émotion de la cérémonie a atteint son apogée lorsque Roger Cénou a pris la parole pour évoquer ses grands-parents, étreint par les sanglots : « Honneur à toi Fernand ! Ils étaient des parias et vous étiez des hors-la-loi. Merci d’avoir accompli cela. »

Didier Conus n’avait pas prévu de prononcer de discours lors de cette cérémonie, mais l’instant l’y a conduit : « C’est une leçon de vie et d’humanité que nous vivons là. Risquer sa vie pour d’autres, c’est ce qu’il y a de plus haut. »

Zvi Tal et Michel Alitenssi ont alors remis le diplôme et la médaille des Justes parmi les Nations à Roger Cenou avant que ne retentissent les hymnes israélien et français. 

Corine Malet